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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2004 >  N° 61 mai 2004

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        Au secours, il est partout

        Climat sarkozien

        L’ex-Ministre de l’intérieur, passé aux finances, est devenu un “spécialiste” de l’énergie et du climat. Patrick Piro l’a écouté à l’Assemblée Nationale.

    Du sarkozisme comme une nouvelle branche de la rhétorique : voilà la conclusion immédiate que l’on tire de la comédie boulevardière pompeusement intitulée “débat parlementaire sur l’énergie”, tenue jeudi 15 avril à l’Assemblée Nationale et orchestrée par le nouveau ministre de l’économie et des finances. Sans vote, on ne va quand même pas pousser le ridicule jusqu’à l’affront. En quelques exemples.

    Postulat : quelle que soit la volonté politique, les énergies renouvelables resteront un appoint aux énergies classiques - dans leur niche (économique), donc. Sophisme : la question du nucléaire est donc incontournable, il faut d’urgence lancer la construction du prototype de réacteur de troisième génération, le fameux EPR. Manipulation : le nucléaire nous offre un taux d’indépendance énergétique de 50 % ! Et nous ne le savions point. On ne saurait attribuer de vérité à cette fourberie qu’en entendant : “le nucléaire contribue pour moitié à la petite part des approvisionnements énergétiques non importés”. Car l’atome (qui ne fournit que de l’électricité, pas de pétrole) ne couvre, au mieux, que 15 % des besoins totaux du pays.

    Poursuivons : les énergies renouvelables vont croître de 50 % d’ici 2008. Revoilà le taux magique ! Effort conséquent ? On apprend en bas âge que “1 000 fois zéro, ça fait toujours zéro”. 50 % de très peu (4 à 7 % du bilan énergétique du pays), ça reste ridicule. À la niche, les renouvelables, j’ai dit.

    Les travaux d’Hercule, maintenant : le ministre annonce qu’il nous faudra, d’ici 10 ans, produire deux fois plus de richesses (postulat, à nouveau) avec la même énergie qu’en 2015 (pour limiter les émissions de gaz à effet de serre). Rappelons un des bons mots du candidat malheureux à la présidence de région, l’UDF André Santini : le gouvernement fonçait droit dans le mur, maintenant, il klaxonne ! L’an dernier, le premier ministre en titre, Raffarin, avait eu le courage de reprendre la préconisation des experts : pour simplement stabiliser la dérive climatique en cours, il faudrait, d’ici 2050, avoir divisé... par quatre nos émissions actuelles de gaz carbonique (le principal gaz à effet de serre, massivement émis par les hydrocarbures). Bref, les marchands de clim’ peuvent se frotter les mains.

    Et ceux de voitures aussi. Nous voilà au sommet de l’art sarkozien : on se souvient de son “courage” à appliquer des méthodes répressives lors de son passage au ministère de l’intérieur, notamment pour contraindre les automobilistes à mettre la pédale douce (bonne chose, et pour le climat aussi). Devenu VRP des lobbies industriels, le voilà professant sans rire que la concertation et l’information sont les mamelles d’un changement de mentalité concernant les économies d’énergie, et qu’il allait se rapprocher des constructeurs automobiles, afin qu’ils indiquent la consommation de leurs véhicules à côté du prix. Non mais ! Patrick Piro


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