Pourquoi l’’Éducation Nouvelle


Toujours actif, Le GFEN a tenu récemment un congrès. L’article ci-après est écrit à partir d’une des résolutions. Un groupe montreuillois du GFEN vient de se constituer, et a tenu une première réunion le 6 décembre. Contacts en fin d’article.

Une société en crise travaillée par des aspirations et des exigences.

Une société où prédomine la loi du marché, tend à l’uniformisation des cultures et des pensées, exige une adaptabilité permanente des individus souvent dans le déni du sujet singulier et du sujet social. Ceux-ci, comme des marchandises, sont mis en concurrence, au nom de la productivité et de l’efficacité. C’est également cette loi du marché qui compromet gravement les équilibres écologiques et met en cause l’avenir des futures générations.

De nouvelles formes d’inégalités se développent, effritant les liens sociaux, fracturant les rapports humains et exacerbant les repliements identitaires. Les utopies centrées sur la solidarité et le respect des êtres humains sont attaquées. L’individualisme est érigé en vertu, au mépris des valeurs collectives indispensables à chacun. Exclusions, chômage et précarité, violence et déstructuration des sujets, traduisent l’approfondissement de la crise sociale.

Une telle société met en péril une revendication d’accès aux savoirs pour le plus grand nombre. La transformation des inégalités sociales en inégalités dans l’accès au savoir et à la culture persiste quand les pratiques et les structures nient les capacités d’intelligence et de création de chacun et de tous. Un autre monde est possible que celui de la compétition libérale. Des aspirations à d’autres valeurs et d’autres pratiques s’affirment. Elles redonnent sens aux valeurs d’égalité, de liberté, d’engagement et de réciprocité, interrogeant les rapports de pouvoirs.

Notre pari philosophique : tous capables.

Chaque enfant, chaque adulte, chaque peuple a des potentialités immenses trop souvent insoupçonnées et sacrifiées. Le pari du « tous capables » bouleverse et travaille les conceptions dominantes du savoir et de la création et les modes de transmission des savoirs et de la culture. Ce pari interroge les critères usuels de réussite et d’échec, dénonce le retour de l’idéologie des dons et du handicap socioculturel. Il fonde une conception de la démocratie qui, à travers des apprentissages solidaires, permet de penser l’homme dans sa dimension singulière et sociale. Ainsi se réactualise notre combat fondateur pour une culture de paix. L’Éducation Nouvelle ne peut se circonscrire aux lieux traditionnellement dévolus à l’éducation. Elle travaille en tout lieu et avec toutes les personnes à élaborer des idées et des pratiques qui soient leviers d’émancipation solidaire, qui mettent en acte le pari philosophique du " tous capables", et qui restituent un sens aux valeurs de fraternité et de démocratie.

Restituer aux savoirs et aux cultures leur dimension d’émancipation et de civilisation.

Les savoirs et les cultures ne sont pas des produits finis et indiscutables. C’est pourquoi le GFEN agit pour transformer des potentialités en capacités à inventer, chercher, créer. Cela se construit dans le débat nécessairement contradictoire, s’opère dans l’exercice d’une pensée critique et agissante. II ne s’agit pas seulement d’apprendre à apprendre, mais d’apprendre à comprendre, à s’émanciper des faux semblants et des évidences, à surmonter ses propres obstacles, à porter un regard audacieux et critique sur le monde et à articuler sans les opposer contenus et méthodes, savoir, culture et sujet.

La complexification des savoirs et le dialogue des cultures nécessitent l’invention de nouvelles capacités permettant d’affronter les problèmes globaux et transversaux. Ainsi la transdisciplinarité, l’interculturalité, le travail de la langue et des langues prennent une nouvelle dimension.

Pratiquer l’éducation nouvelle : une dynamique de transformation.

Il n’y a pas d’éducation qui se suffirait de "bonnes méthodes". Toute éducation est un lieu de transformation et donc de confrontation, un lieu de construction des savoirs et de construction de la personne. C’est ce qui fonde pour le GFEN la notion et la pratique de démarche d’auto-socio-construction des savoirs, des projets, de la vie coopérative et la pratique des ateliers d’écriture et de création. Ces pratiques tournent le dos aux pédagogies fondées sur la compétition, la pacification et la soumission.

L’Éducation Nouvelle affirme que les valeurs d’émancipation ne peuvent exister que dans des pratiques qui les construisent. Éduquer, c’est rendre possible des apprentissages solidaires dans des pratiques de création et de débat culturel et démocratique. La dignité de l’Homme doit être le projet de toute éducation et de toute formation.

Daniel Rome

Contacts : Daniel Rome (rome@club-internet.fr ) et Nicole Vedrine (nicole-vedrine@club-internet.fr)


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