Premières impressions


Pour rappel, ce PELG consistait à transférer l’école du samedi matin au mercredi matin, pour lutter contre l’absentéisme avéré des week-ends, et à "intégrer" les Centres de Loisirs aux écoles pour permettre aux enfants de bénéficier quotidiennement d’une activité périscolaire et éviter que cette jeunesse ne ‘‘traîne’’ dans nos rues après l’école.

Force est de constater que cette rentrée fût agitée pour l’ensemble des acteurs impliqués : enfants, parents, enseignants et animateurs. Aucun ne souhaitait ces changements, mais tous ont eu à les subir...

Nouveau rythme fatigant.

Après deux mois d’école dans la nouvelle disposition, on constate une fatigue généralisée des enfants et des enseignants. Ne bénéficiant plus de la traditionnelle coupure du mercredi, il n’existe plus de "respiration" dans la semaine. Les Centres de Loisirs se plaignent eux de la difficulté de mettre en place des animations en une seule demi-journée.

La fin de semaine s’avère tendue et peu propice à une écoute respective et attentive. Les enseignants déplorent directement cette modification du rythme scolaire qui perturbe leur enseignement, d’autant plus que la sortie du vendredi à 15h30 , ajoutée à cette fatigue, réduit totalement la portée pédagogique de cette dernière demi-journée.

Les enfants se sentent en Week-end dès le vendredi midi...

Il n’y a plus d’absence le samedi matin, mais beaucoup d’enfants finissent par être absents même en cours...

Gestion et une communication défaillantes...

La gestion quotidienne des inscriptions requiert une attention particulière des enseignants qui doivent débuter la classe chaque matin par un sondage des enfants, pris sur le temps d’enseignement. De même, le suivi de ces "choix - multiples" le soir s’avère un casse-tête.

La communication des activités est totalement absente. Les parents n’ont aucune visibilité sur les activités proposées aux enfants chaque soir. La seule information est "qu’il faut que tout cela se mette en place...". Malheureusement, les centres de loisirs sont bien incapables de communiquer des informations qu’ils n’ont pas reçues de leur hiérarchie. Pour autant, ils se retrouvent bien seuls devant les interrogations inquiètes des parents, et des enseignants.

••• Au détriment de la sécurité des enfants.

Parents et enfants sont totalement perdus sur les horaires de rentrée, de sortie, les différentes activités, qu’elles soient scolaires ou périscolaires. De fait, l’Ecole se retrouve ouverte en permanence, faisant fi des conditions normales de sécurité. Pour certains directeurs d’écoles élémentaires, "c’est un miracle que l’on n’ait pas perdu d’enfants".

Manque évident de moyens.

Amenés à cohabiter dans les mêmes locaux, enseignants et animateurs ont décidé de faire contre mauvaise fortune bon cœur, pour le bien des enfants. Pour autant, aucune synergie ne semble s’être mise en place entre ces deux mondes qui se rencontrent. Malgré tout, le malaise initial s’installe et ce pacte de non-agression devrait voler en éclats prochainement si les promesses de la Mairie ne sont pas tenues. Les reproches succéderont à la compréhension et à la patience des débuts.

— Le lancement du PELG était basé sur la mise en place d’activités sportives et culturelles appuyées par des consultants extérieurs. Malheureusement, il y a aujourd’hui un large déficit d’activités constatées. De nombreux artistes contactés pour animer des ateliers n’ont plus reçus de nouvelles de la Mairie.

Seuls le coloriage, le football et la garderie ont pour l’instant trouvés leur place dans ce PELG...
— Animateurs et Enseignants doivent désormais "partager" des salles pour mener à bien leurs missions. Il est désormais évident que cette cohabitation est source de tension car la gestion des espaces est totalement différente, que l’on soit versé à l’enseignement ou à l’animation.

Les uns reprochant aux autres leur rigidité, quand les autres mettent en avant le laxisme des uns...

Les enseignants dénoncent la perte de référent scolaire pour les enfants qui doivent désormais appréhender deux types de comportements dans un même espace : l’Ecole. « Comment expliquer à un enfant que ce qui est toléré ici par le Centre, est inadmissible pour nous enseignants ? » s’interroge un professeur d’école.

Enfin, l’utilisation de salles par les centres de loisirs empêche certains directeurs d’école de lancer des projets structurants, comme la mise en place de BCDE, faute d’espace disponible.

— Ouvertes plus longuement, les écoles n’ont pas bénéficié de renforts pour encadrer ce PELG.

Pour exemple, de nombreux sanitaires deviennent mixtes à partir de 16h30 car le personnel, en nombre réduit à compter de cet horaire, ne peut pas assurer correctement le nettoyage de ces espaces, ce qui s’avère irrespectueux pour les enfants. Enfin, ces mêmes sanitaires ne sont nettoyés qu’au matin...

La Mairie devait être le ciment de ce PELG et favoriser la cohésion de tous les intervenants.

Malheureusement, c’est la grande absente de cette rentrée... D’ailleurs, aucun représentant de la Mairie n’a cru bon de se présenter lors du Conseil d’Ecole auquel j’ai assisté, manque de respect évident pour les parents d’élèves et les enseignants présents.

Quelle perspective ?

Pour cette année, on peut encore espérer l’arrivée des moyens promis par la Mairie. Personne ne s’en plaindrait, évidemment. Mais on ne peut que rappeler qu’une rentrée se prépare en juin, et non en novembre...

L’actuel ministre de l’éducation, autre apôtre de la communication précipitée, vient d’annoncer qu’à compter de la rentrée prochaine, il n’y aurait plus d’école le samedi matin, le choix d’un passage à la semaine de 4 jours ou le recours au mercredi matin étant laissé au choix des Académies.

Depuis longtemps, l’Académie est opposée sur Montreuil à la mise en place de la semaine de 4 jours. Ce choix est expliqué par la forte présence dans notre commune d’enfants partant à l’étranger pour les grandes vacances. Pour des questions de frais de transports, il est fréquent qu’ils partent avant le début des vacances scolaires, pour ne revenir qu’après la rentrée. En cas de semaine de 4 jours, il y a de grands risques que ces élèves ratent une grande partie de l’année scolaire. L’inspectrice ne souhaite pas que ces enfants, généralement issus de milieux moins favorisés que d’autres, prennent irrémédiablement du retard dans le suivi de leur scolarité.

Il y a donc de grandes chances que le PELG mis en place cette année perdure, au grand satisfecit de la Mairie qui ne manquera pas d’y voir une confirmation du bien-fondé de son action... Il ne faudrait pas que notre Maire rate sa sortie après sa rentrée.

Guillaume Denecker


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