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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2005 >  N° 72 Juin 2005

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        Grâce aux mariages franco- africains.

        Un mélange de culture

        Montreuil abrite des couples mixtes qui vivent en harmonie tout en partageant leur culture. Ils forment des familles biculturelles soucieuses de transmettre aux enfants les éléments de leurs origines.

    « J’ai rencontré mon mari quand j’étais à l’école. Nous avons constaté que nos affinités sont les mêmes, alors nous avons décidé de vivre ensemble » affirme Dorothée, une africaine qui vit avec un français depuis une quinzaine d’années. Abdou Sow, conseillé municipal, a quant à lui rencontré sa compagne dans une fête culturelle. Ils ont sympathisé, ils sont tombé amoureux, puis ont décidé de vivre ensemble. Ce sont là des « rencontres » de plus en plus fréquentes.

    « Je vis en France depuis une trentaine d’années et j’apprécie la franchise, la fidélité en amitié, ainsi que le pragmatisme dont font preuve les européens. Qualités qu’on ne retrouve pas toujours en Afrique » confie Abdou, pour signaler les éléments positifs de la culture française. Mais la France est aussi marquée par l’individualisme et le stress. Il y est difficile de se faire des amis et les gens se sentent seuls. En conséquence, l’aspect familial et traditionnel manque beaucoup aux africains qui y vivent. De temps à autre ils aimeraient se retrouver en famille autour d’un grand feu de bois, moment privilégié pour raconter les contes et transmettre les traditions aux enfants. Il faut noter que la famille africaine est très élargie. Elle est composée des grands parents, des grands oncles et grandes tantes, des parents, des oncles et tantes, cousins et cousines, neveux et nièces etc. Difficile de trouver un logement pour tout ce monde, dans un pays où la famille est un concept nucléaire... Certains africains en viennent à penser que la solitude est une souffrance nationale en France. D’où le besoin d’étudier la généalogie, d’organiser des fêtes de voisins, de quartiers, de la musique etc.

    Les dissemblances entre la culture africaine et la culture européenne (points de vue, croyances, traditions, cuisines etc.), représentent parfois un danger pour le couple. Abdou a divorcé de sa première épouse pour cause de « conflit de caractère ». Selon lui, leur quotidien était devenu impossible : ayant oublié le sens de leurs différences, ils n’étaient plus tolérants l’un envers l’autre et les reproches s’accumulaient.

    Pour pallier aux risques de divergences, les conjoints mettent en évidences leurs points communs : « Ma compagne et moi partageons la passion de l’art... et bien sûr l’amour », précise Abdou. Ils ont aussi pris l’habitude de faire découvrir à l’autre les éléments de sa culture. Dorothée, d’origine camerounaise, a fait découvrir les plats de chez elle à son mari. « Il aime tous les mets de chez nous », dit-elle avec fierté. Elle lui a également fait visiter son pays, et son conjoint a su apprécier les paysages, la danse traditionnelle et les liens familiaux. En revanche, Abdou n’a pas eu besoin de faire découvrir l’Afrique à Nathalie, sa compagne d’origine française. Avant leur rencontre, Nathalie connaissait déjà l’Afrique. Elle y est née et y a travaillé avec des cinéastes dans plusieurs pays.

    Force est de reconnaître que certains africains sont cculturés, alors que d’autres n’ont aucune envie de perdre leur culture. Dorothée a confirmé son besoin de conserver sa culture, et de la transmettre à sa descendance. C’est ainsi qu’elle a inscrit son fils au cours de langue Bassa (tribu camerounaise). Son fils peut ainsi apprendre sa langue maternelle, la danse, les contes et la chanson Bassa. Abdou a choisi d’éduquer ses enfants en conciliant culture africaine et culture européenne. C’est pourquoi il les emmène régulièrement dans son pays, le Sénégal, pour qu’ils rencontrent leur famille et les spécificités de la vie en commun dans une famille élargie, ainsi que la culture africaine en général et sénégalaise en particulier.

    Yvette Zagorac


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