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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  N°96 décembre 2007

Ecrire au poivron

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        La FCPE est parfois un bien curieux marigot

        Clochemerle à la maternelle

        Petite leçon d’entrisme raté, au conseil d’école de Guy Môquet, ou certaines personnalités du PS et de la FCPE se sont illustrées par leurs méthodes détestables.

    C’était parti pour une banale élection de parents d’élèves, dont le summum de l’émotion est généralement le pot de l’amitié qui s’en suit. Elle a viré au psychodrame clochemerlesque, début octobre, à la maternelle Guy Môquet, quartier Villiers-Barbusse.

    Fin septembre, Delphine Beauvois, militante socialiste montreuilloise et candidate (malheureuse) à la candidature PS lors de la législative locale de juin dernier, adhère à la FCPE, principale fédération de parents d’élèves française. Elle souhaite participer au conseil d’école de la maternelle Guy Môquet, où son enfant est scolarisé. Elle s’active et prend contact avec plusieurs parents élus l’an dernier sous l’étiquette FCPE. Mais leur adhésion s’est très sérieusement fissurée à la suite des manipulations qui ont entouré la mise en place du PELG (la modification des rythmes scolaires), et du choc du ralliement à Jean-Pierre Brard de Djénéba Keïta, alors présidente de l’Union de coordination locale FCPE de Montreuil (UCL), devenue sa suppléante lors de la législative. Bref, le conseil local « Guy Môquet » profite de l’irruption de Delphine Beauvois pour clarifier sa position : « Au vu d’une telle collusion politique, nous avons décidé de monter une liste indépendante de la FCPE », explique Anne d’Orazio, l’une des principales animatrices du groupe de parents élus l’an dernier. Ce que Delphine Beauvois s’entend signifier.

    Mardi 2 octobre au matin, limite du délai, une liste indépendante comportant 11 noms est donc déposée auprès de la directrice de la maternelle. « Nous étions convaincus de trouver une liste FCPE concurrente », relate Anne d’Orazio. Il n’en est rien. Delphine Beauvois a semble-t-il tenté le coup - il lui suffisait de trouver une personne pour se joindre à elle -, mais sans succès. Elle explique alors « ne pas comprendre que son nom soit absent de la liste déposée. »

    À partir de là, l’affaire s’envenime. « J’ai appelé la FCPE au secours, afin de faire reconnaître mes droits. » Accompagnée de Patrick Chaize, nouveau président de l’UCL, elle fait irruption le mardi soir dans le bureau de la directrice, qui se voit mise en demeure d’ajouter le nom de Delphine Beauvois au côté des 11 autres. Arguments « juridiques » assénés par le président de l’UCL : les « indépendants » ne sont pas constitués en association de parents d’élèves et leur liste n’est pas « fermée » - elle pourrait comporter jusqu’à 14 noms, soit deux pour chacune des 7 classes de Guy Môquet.

    Mercredi matin, séance de conciliation devant les grilles de la maternelle. Il y a peut-être eu quiproquo, conviennent les indépendants, à qui Delphine Beauvois reproche de n’avoir pas exprimé assez clairement qu’elle était invitée à monter sa liste FCPE. « Faites le donc d’ici demain, personne ne se formalisera du dépassement de délai », lui suggèrent les autres parents. Elle refuse, « car c’est illégal », proposant une « liste d’union » en guise de « sortie de crise ». Hors de question, rétorque Anne d’Orazio. « Notre position de principe est arrêtée, certains parents ont même fait du non-ralliement à la FCPE une condition de leur candidature. »

    Pendant toute la semaine, des pressions s’exercent, notamment par l’entremise du conjoint de Delphine Beauvois, également militant socialiste montreuillois notoire, et maire adjoint. Sont « sollicités », afin d’intercéder en faveur de sa femme : une maire-adjointe, le père de l’un des indépendants, responsable au sein d’une instance municipale, etc.

    À situation ubuesque, Anne d’Orazio va trouver une parade à la hauteur : le désistement des 11 parents indépendants, le lundi matin suivant. Delphine Beauvois reste seule sur la liste. Branle-bas de combat face au casse-tête : la directrice appelle l’inspection d’académie, qui en réfère à ses services juridiques. Le verdict tombe le soir même : l’ajout forcé du 12ème nom sur la liste, sans l’aval des autres parents, est irrégulier. La liste initiale est la seule valide.

    L’élection, désormais sans surprise, se déroule le vendredi 12 après-midi sous haute surveillance, en présence du délégué départemental à l’éducation nationale, d’élus municipaux - et même du maire ! -, ainsi que de Patrick Chaize.

    Parvenu en fin de mandat à la FCPE, ce dernier l’a visiblement profond en travers de la gorge. Il signera sa sortie avec élégance et courage, en concentrant ses ultimes coups sur la directrice de la maternelle, otage de cet imbroglio administratif mais qu’il a trouvé honorable de désigner auxiliaire d’une cabale menée contre les intérêts de sa boutique ou de ses obligés. Dans un courrier daté du 16 octobre (1) adressé à l’Inspection académique de Seine-Saint-Denis, avec copie à « Mme la directrice de la maternelle G. Môquet », à l’inspecteur de circonscription de cette dernière ainsi qu’au député-maire de Montreuil, Patrick Chaize accuse la fautive d’avoir « couvert ces manœuvres », au risque de « s’en rendre complice ». Au péril du ridicule, il insiste :

    « Nous n’admettons pas qu’une directrice d’école sorte de son droit de réserve pour faciliter la vie de quelques parents (...) Nous souhaitons connaître les dispositions que vous allez prendre pour que ces méthodes cessent. » Delphine Beauvois, dans ses petits souliers, reconnaît « qu’il a peut-être défendu les intérêts de la FCPE au-delà de son propre cas »...

    Patrick Piro

    (1) Nous nous en sommes procuré une copie, et la directrice n’y est absolument pour rien.

    Ndla : l’auteur n’a rien contre la FCPE en tant qu’organisation, au demeurant. Il tente par ailleurs de reconstituer un conseil local sur l’école primaire Estienne d’Orves, voisine de Guy Môquet...


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