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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2005 >  N° 72 Juin 2005

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        La laïcité : un humanisme à défendre

        Comme les droits de l’homme, la laïcité est une valeur récente, combattue par les intégrismes et les totalitarismes. Elle place sur un plan d’égalité toutes les croyances, toutes les philosophies, toutes les spiritualités qui sont du ressort de la conviction personnelle.

    Depuis quelques temps, nous assistons à des attaques répétées contre la laïcité : ses principes seraient intolérants et porteraient atteinte à la liberté individuelle. Ceci me semble particulièrement inquiétant lorsque ces attaques viennent de la Gauche.

    La laïcité n’est pas une croyance, c’est une loi. Elle ne s’oppose ni aux religions, ni au sacré mais limite le pouvoir des Eglises.

    Les religions, qui sous couvert d’une laïcité soit disant « nouvelle », cherchent à réinvestir l’espace public, ne pratiquent pas le doute. Si elles exhortent à la fraternité entre les hommes, chacune reste persuadée de détenir LA vérité et de devoir l’imposer. Preuve en est la tentative de se réintroduire dans l’école : port du voile par les jeunes filles, mais aussi refus de participer à certains cours, remise en cause du contenu même de l’enseignement, refus de l’autorité des enseignantes...

    Ces attitudes résultent d’une interprétation des textes religieux cherchant à imposer un « ordre moral » menaçant non seulement les droits des femmes, mais aussi ceux des homosexuels, des athées, des personnes différentes... L’école laïque, c’est l’école de la liberté, le lieu de la formation de l’esprit : l’élève apprend à devenir autonome, à exercer son esprit critique et sa responsabilité de citoyen. Ce n’est pas en revendiquant davantage de droits pour les religions des citoyens issus de l’immigration, particulièrement au sein de l’école, que nous nous acquitterons de notre responsabilité et de notre sentiment de culpabilité dus à l’histoire de la colonisation.

    La place des femmes

    En réalité, ce qui pose problème, ce n’est pas tant la religion que la place des femmes dans notre société et l’égalité des sexes.

    Les lois de notre République font de l’égalité entre tous les êtres humains, quel que soit leur sexe, un principe de base : les établissements scolaires sont mixtes, les lieux publics également. Il ne peut y avoir séparation des sexes sans qu’elle n’entraîne à terme une discrimination. La laïcité a permis aux femmes de conquérir des droits et d’occuper une place croissante dans l’espace public. Aucun recul ne peut être accepté en ce qui concerne la situation des femmes dans la société, même sous prétexte de respecter des coutumes ou des religions. Le combat pour l’égalité reste plus que jamais d’actualité. Plutôt que de privilégier une interprétation passéiste des textes religieux, au nom du respect des croyances, prêtons toute notre attention et notre soutien aux forces de progrès qui œuvrent dans les milieux musulmans en France et dans le monde.

    Accorder des droits spécifiques au nom d’une identité culturelle, c’est assigner à identité des personnes en fonction de leur milieu d’origine. Jusqu’où faut-il aller en ce domaine ? Tenue vestimentaire dès l’école, non mixité dans certains lieux... pourquoi ne pas accepter les mariages forcés ?

    Le projet républicain

    Nous devons redonner sens au projet républicain en luttant, par la laïcité, pour une société plus juste. Au nom du principe d’égalité, l’Etat ne reconnaît que des citoyens et donne à chacun les mêmes droits et la possibilité de se construire en se démarquant de son milieu d’origine.

    La laïcité participe des principes fondateurs de notre République et ne peut se comprendre sans le principe d’égalité de tous les citoyens et le refus de l’exclusion niés par une économie ultra-libérale. Les inégalités et les exclusions, non seulement vident de son sens la laïcité, mais mettent également en péril notre démocratie et notre République. La lutte déterminée contre toutes les formes de discrimination doit constituer la priorité de l’ensemble de la Gauche pour redonner sens à notre société et à ses valeurs fondatrices : liberté, égalité, solidarité, laïcité...

    Brève

    Le gouvernement français a décidément une bien curieuse conception de la laïcité ! Après la monopolisation des chaînes de télévision publiques par l’agonie, la mort et les obsèques du pape, le ministre de l’intérieur a osé demander la mise en berne des drapeaux et inviter les préfets à assister aux messes dites en mémoire du pape... Le gouvernement, en bafouant ainsi le devoir de neutralité de la République, a pris le risque d’ouvrir la voie à une surenchère religieuse, au détriment de la liberté de conscience.

    Catherine Delhommeau 11 avril 2005


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