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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  N° 95 novembre 2007

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        Edito

        Tel un seigneur féodal...

        Les textes de la municipalité ne sont pas chiches de références aux "traditions d’accueil" et "aux valeurs de solidarité" de la ville de Montreuil. Cette tradition ne s’applique pas à Clémentine Autain.

    Le communiqué (lundi 22 octobre) de Jean-Pierre Brard, pour dénoncer Clémentine Autain et la section du PC, a frappé par la violence de son ton, généralement réservé aux Verts et aux élus de Montreuil Ville Ouverte. Au-delà de cette violence, le texte du maire révèle ses inquiétantes conceptions du pouvoir.

    Brard dit avoir appris par la presse qu’il "remettrait la mairie de Montreuil à Clémentine Autain en 2011 à la façon d’un seigneur féodal du Moyen-Âge remettant son fief".

    La demande faite par le PCF est évidemment l’inverse : que Brard démissionne de sa fonction de maire en 2011. Les Verts, la majorité du PS, Francis Rol-Tanguy, sont plus extrémistes et souhaitent qu’il ne se représente pas dès 2008 : il fait partie de la municipalité depuis plus de 36 ans, est maire depuis 23 ans. Le maire, lui, comprend qu’on lui demande de "remettre la mairie" quand on lui demande simplement de laisser aux électeurs, ou au conseil municipal, le soin de choisir un nouveau maire. Il semble croire que la mairie lui appartient personnellement. Tel justement un seigneur féodal.

    Quand un maire démissionne en cours de mandat, le conseil municipal élit son successeur. Que Clémentine Autain, devenue conseillère municipale, soit la candidate du PC est une chose ; qu’elle soit élue dépend du conseil municipal. Rappelons que le PC n’a plus la majorité absolue depuis 1989, et qu’il est peu probable qu’il l’ait de nouveau en 2008.

    Dans cette idée de "remettre" la mairie à un héritier, Brard est dans le déni, celui de sa propre histoire. La mairie lui a été "transmise" en 1984 par le maire en place, sur décision de la section du PC. Le PC avait alors la majorité absolue au conseil municipal, et Marcel Dufriche ne pût que s’incliner, le présentant comme son héritier en démissionnant. L’épisode, qualifié de putsch, est resté obscur.

    C’est en seigneur féodal qu’il décide que Clémentine Autain n’est pas d’ici, qu’il décide qui est montreuillois et qui ne l’est pas, qui peut venir et qui ne peut pas.

    Seigneur féodal, pour qui la fonction de maire nécessite un individu qui ait "une connaissance intime et profonde de la ville", "un entier dévouement", "une connivence", "une alchimie", autant de caractéristiques dont il s’autoproclame pourvu. Tous ces termes renvoient à une conception monarchique, populiste, quasi-mystique, du pouvoir et de ses modes d’exercice. Ils se traduisent par "paternalisme" et "clientélisme". Un seigneur féodal qui, dans sa clairvoyance, estime qu’il faut au moins 5 ans pour atteindre cette "alchimie". Et pour finir, il n’est plus question de projet et d’équipe à proposer, mais de l’adhésion à un individu : "Si les électeurs me font confiance"...

    Au final, Brard est lucide : on a toutes les raisons de le considérer comme un seigneur féodal.


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