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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  N° 94 octobre 2007

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        Une exposition à ne pas manquer

        Ho Chi Minh à Montreuil

        Le Musée de l’histoire vivante présente à partir du 13 octobre une exposition sur les séjours d’Ho Chi Minh à Paris. La municipalité aurait aimé voir, à l’occasion des 7èmes assises de la coopération décentralisée franco-vietnamienne, une exposition agiographique sur le célèbre dirigeant communiste vietnamien.

    Les commissaires de l’exposition ont préféré montrer deux épisodes de la carrière politique d’Ho Chi Minh, lorsqu’il se trouve de manière attestée en France : le début des années 20 et l’année 1946.

    Nguyen Ai Quoc, le futur Ho Chi Minh, jeune patriote annamite, part en Europe en 1911 pour poursuivre ses études c’est-à-dire "aller étudier à l’étranger et revenir aider le pays". Il vit à Londres entre 1914 et 1919 puis arrive à Paris dans un contexte où la politique coloniale de la France commence à être discutée au sortir de la première guerre mondiale. Il publie un manifeste : les " Huit Revendications du Peuple Annamite" qui réclame l’octroi du modèle occidental de démocratie puis l’indépendance. Ayant aussi rencontré le gouverneur général de l’Indochine Albert Sarrault, il va de soi qu’il est, dès son arrivée, surveillé de près par les Renseignements Généraux de l’époque, si bien que son guide parisien qui l’introduit dans tous les milieux syndicalistes et révolutionnaires n’est autre qu’un fonctionnaire de la maison Poulaga. Et c’est grâce à ce coach zélé, qui fournit de nombreux rapports, et va même jusqu’à lui tirer le portait, qu’on connaît ses activités parisiennes.

    Libertaires et socialistes

    Ho Chi Minh est hébergé par les socialistes dans le 13e arrondissement, puis s’installe dans le 17è où il gagne sa vie en faisant de la repro photo et publicitaire. Il entre en contact avec tout le tissu socialiste et libertaire de l’époque. Il écrit aussi bien dans l’Humanité, dans le Canard Enchaîné que dans d’autres journaux socialistes révolutionnaires ou anars. Il se lie avec le cercle des révolutionnaires chinois et notamment avec Chou En Laï. Puis il se rapproche du courant léniniste et le voilà prenant la parole au congrès de Tours en faveur de la motion Cachin-Frossard. Il participe à la fondation du PCF, qu’il encourage à mener une politique contre le colonialisme. Cet espoir ne sera pas couronné d’un immense succès...

    En 1922, il fonde et dirige Le Paria, organe de l’“Union intercoloniale”, auquel collaborent notamment Algériens, Malgaches et Antillais. C’est à la fin de 1923 qu’il part pour Moscou, où il arrive le lendemain de la mort de Lénine. Il y prend part aux travaux de l’Internationale Communiste, où il représente l’Asie du Sud-Est. Au IVe congrès de l’Internationale, il critique sévèrement la politique coloniale du P.C. français.

    Ho Chi Minh est supposé être revenu en France en 1927, mais aucune preuve tangible ne peut attester sa présence. On l’a même déclaré mort en 1932, ce qui fait que Ho Chi Minh ne serait pas Ho Chi Minh !

    De l’indépendance du VietNam à la guerre d’Indochine

    La seconde partie de l’expo concerne la présence en France de Ho Chi Minh en 1946.

    Après la capitulation du Japon en août 1945, le Vietminh consolide ses positions. Un gouvernement provisoire est formé le 29 août sous la direction d’Ho Chi Minh qui proclame l’indépendance et fonde la république démocratique du Vietnam le 2 septembre 1945, en présence du représentant des USA.

    À Paris, le gouvernement du général de Gaulle ne se résigne pas à cette éviction. Il envoie un corps expéditionnaire commandé par Leclerc. Celui-ci tente de faire prévaloir un compromis politique avec la révolution : Hô Chi Minh signe les accords du 6 mars 1946 qui reconnaissent le Vietnam comme un “État libre dans l’Union française”. La conférence de Fontainebleau doit transformer ces accords en un traité définitif. La délégation vietnamienne est dirigée par Pham Van Dong, futur chef du gouvernement du VietNam réunifié. Ho Chi Minh vient en France en vue de persuader l’opinion française d’entériner l’émancipation de son pays. Il doit attendre un bon moment à Bayonne car la France n’a plus de gouvernement : de Gaulle vient de démissionner. La conférence finit par échouer, c’est alors le début de la guerre d’Indochine.

    Hors expo, mais dans notre histoire

    Vingt ans plus tard, en 1968, l’oncle Ho incarne pour la jeunesse du monde un héros de la résistance à l’impérialisme. Malade, il voit l’armée populaire l’emporter lors de l’offensive du Têt (janvier-mars 1968) et la conférence de Paris débute en mai de la même année. Il meurt en 1969. Saigon est prise le 30 avril 1975. La capitale du sud devient alors Ho Chi Minh Ville. Le commissariat d’exposition est assuré par Véronique Fau-Vincenti, Eric Lafon, Alain Ruscio et on citera parmi les prêteurs : les Archives Nationales d’Outre Mer et le Musée de la Préfecture de Police.

    Claude REZNIK


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