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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  N° 94 octobre 2007

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        La vie comme j’te pousse

        Grenelle, et la vie change

        « Alors, comment t’as trouvé mon discours ? » Le gars en quête de reconnaissance, c’est Jean-Louis Borloo, super ministre de l’écologie.

    Il vient de conclure une importante étape du « Grenelle de l’environnement » : la présentation des propositions des huit groupes de travail, qui ont tenté de s’accorder, en deux mois, sur des mesures pas trop médiocres entre associatifs, patrons, experts, syndicats, collectivités locales, etc. Le type sommé d’apprécier ses propos, et dans la main duquel il tope comme s’ils avaient gardé ensemble les cochons bios, c’est Yannick Jadot, l’un des dirigeants de Greenpeace France. C’est assez savoureux.

    Qu’est-ce donc qui met Borloo en émoi, au point de s’imaginer recevable par les escaladeurs de cheminées ? Il a critiqué la croissance ! Certes avec déférence, mais quand même : « Ma conviction, c’est que l’on n’a pas démontré qu’elle est compatible avec la préservation de la planète. Notre objectif est de prouver qu’une autre croissance est possible. » On dirait de la novlangue altermondialiste !

    Et de louer en aparté les analyses de Lester Brown, fondateur du World Watch Institute : « Le socialisme est mort de n’avoir pas intégré le coût économique dans les prix, le capitalisme mourra de n’avoir pas intégré le coût écologique dans les prix. »

    Borloo, croisé de l’écologie, Borloo visionnaire, Borloo philosophe ! On l’avait supposé au purgatoire, chassé du ministère de l’économie après sa gaffe sur la « TVA sociale », dans l’entre-deux tour des législatives. Il n’a pas l’air malheureux avec son gros os, ce Grenelle auquel il affecte, ni plus ni moins, la mission de « changer la vie » !

    La dernière fois qu’on nous l’a faite, c’était avec Mitterrand, en 1981. La gauche au pouvoir allait offrir la justice sociale au peuple. En 2007, la droite invente la croissance écolo-compatible pour tous. Je vous la dessine, c’est pas évident : d’abord, pas touche au pouvoir d’achat des Français, Sarko n’aime pas ça, c’est l’alpha et l’oméga de sa pensée. Donc pas de taxes « punitives » (décourageant pollueurs, émetteurs de CO2, etc.), mais des incitations : consommez « vert », mais consommez. Ensuite, c’est du « gagnant-gagnant » : oui à la préservation de la planète, mais à condition que la compétitivité des entreprises (françaises) en tire profit. La concurrence, encore et toujours, comme irremplaçable moteur de tous les progrès. Et puis surtout, foutez la paix aux transports, à la bagnole, à la vitesse, à la mobilité, acquis non négociables de l’humanité.

    Toujours pas convaincus ? Alors faites comme Borloo et Sarkozy : suffit d’y croire. « Je suis convaincu que nous trouverons des solutions », résumait en substance le candidat à la présidence. Bref, la volonté comme remède universel à la fâcheuse réalité. Comme avec la croissance, justement. Les experts la donnent-ils à 1,8 % à peine ? Pas grave, Sarkozy, lui, veut 3 %.

    Patrick Piro


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