accueil   présentation   rechercher   s'enregistrer   liens        

 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  N° 94 octobre 2007

Ecrire au poivron

RUBRIQUES:


AGENDA / EN BREF:

_____________________

Site réalisé avec SPIP

        Edito

        L’escalade : solidarités interdites et ADN requis

        Début septembre, le ministre de l’immigration convoque 19 préfets - dont celui du 9-3 - pour les rappeler à l’ordre : ils n’ont pas atteint leur quota d’expulsions.

    Le résultat ne s’est pas fait attendre. Aux contrôles policiers déjà systématiques en certains lieux, se sont ajoutées des "visites" à domicile et des arrestations en préfecture et en commissariat, lors de convocations pour examen de dossier. Les jeunes majeurs semblent particulièrement visés.

    "Terroriser les personnes sans papiers" est une ligne de conduite qui peut conduire à des morts. Ces dernières semaines, plusieurs étrangers sans papiers se sont défenestrés à l’arrivée de la police. Une femme, Chulan Zhang Liu, en est morte le 21 septembre à Paris.

    La solidarité est de plus en plus considérée comme un délit ("aide à séjour irrégulier"), passible d’années de prison et de fortes amendes. Et ce, même si la jurisprudence considère jusqu’à présent que cet article du code pénal ne vise que les trafiquants et passeurs, et non les actions de solidarité. Les passagers d’avion qui protestent devant les conditions inhumaines d’expulsion sont aussi traduits devant des tribunaux.

    Un nouveau pas dans l’intimidation a été franchi : des préfets ont écrit aux maires "coupables" d’avoir organisé, ou laissé faire, des cérémonies de parrainages de parents et d’enfants sans papiers, avec l’aide "des associations ou des collectifs". Ils accusent les maires de remettre des "cartes de protection citoyenne", ce qui constitue "un des éléments caractérisant l’aide à l’entrée et au séjour irrégulier". Ils menacent de faire un "signalement" au Procureur.

    Cette escalade dans l’intimidation des citoyens solidaires va de pair avec l’escalade dans les lois discriminatoires envers les étrangers en situation régulière. Les nouveaux obstacles mis au regroupement familial vident, davantage encore, d’une partie de leur substance le droit de vivre en famille et les droits des enfants. On veut imposer des tests ADN à l’usage exclusif des immigrants. Les mariages mixtes deviennent l’objet d’une suspicion de principe. On diminue encore la possibilité d’obtenir le droit d’asile pour les réfugiés, réduisant à deux semaines les possibilités de recours en cas de première décision défavorable. C’est une fabrique de sans papiers. Que l’on n’accueillera plus en hébergement d’urgence.

    Chaque cas connu d’arrestation donne lieu à une forte mobilisation citoyenne, avec souvent une libération à la clé. Les dizaines de milliers de signataires, en quelques jours, au bas d’une pétition contre les tests ADN semblent indiquer un réveil de l’opinion. L’heure de la résistance contre une société basée sur les discriminations a-t-elle sonnée ?


    IMPRIMER