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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  N° 93 septembre 2007

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        Une opération immobilière qui laisse un goût amer

        Questions autour d’une expulsion

        Le premier juin dernier, les squatters du 35 avenue Pasteur ont été expulsés par la police de la maison qu’ils occupaient depuis plusieurs mois. Le promoteur immobilier Meunier (filiale de la BNP-Paribas) profitait ainsi de la dernière décision de justice, rendue à l’encontre des jeunes occupants.

    Le 35 de l’avenue Pasteur est constitué d’une grosse maison bourgeoise de la fin du XIXe siècle et d’un terrain de 2000 m2, avec de nombreux arbres et des murs à pêches. En 2006, les habitants du quartier avaient mené une campagne contre le projet de Meunier, qui consistait en un remplacement quasi complet du jardin par de hauts immeubles. En septembre 2006, avant le début des travaux, un groupe de jeunes s’était installé dans la maison, recevant alors un soutien discret de la plupart des habitants du quartier, pas mécontents de voir les projets de Meunier retardés. Le tribunal avait d’abord autorisé le maintien dans les lieux des squatters jusqu’au printemps, mais ces derniers avaient perdu en appel. Dans ces procédures, Meunier avait été vigoureusement soutenu par la mairie (et par sa voix, Montreuil-Dépêche, qui avait par exemple décrit avec complaisance une opération de police destinée à chercher des explosifs dans la maison, explosifs bien sûr inexistants).

    Après l’expulsion, les travaux de démolition ont rapidement commencé : presque tous les arbres ont été abattus ainsi que les murs à pêches. Montreuil perd ainsi un terrain qui aurait pu constituer un jardin public dans un quartier qui en manque singulièrement. Au delà de ce gâchis urbanistique, on peut s’interroger sur l’opération immobilière elle-même. Les squatters ont eu accès à l’acte de vente et il semble bien que l’ensemble ait été vendu à un prix très bas, de l’ordre de 6 à 700 000 euros. Si c’est bien le cas, pourquoi la mairie n’a-t-elle pas préempté le terrain, alors que de nombreuses préemptions sont votées à chaque conseil municipal ? Meunier-BNP est omniprésent à Montreuil : y aurait-il un échange de bons procédés entre le promoteur et la mairie (en toute légalité, bien entendu) ?

    Claude Adrien

    Montreuil-Dépêche a relaté l’expulsion de l’unique point de vue du promoteur immobilier. Ni les voisins, ni les squatters eux-mêmes n’avaient semble-t-il rien à dire... Peu professionnel pour un organe de presse ! On apprend donc que les occupants illégaux avaient gravement dégradé les lieux, taggant les murs à pêches et les troncs d’arbre à tel point qu’il était devenu malheureusement indispensable de les abattre. Le « journaliste » de Montreuil-Dépêche aurait pu vérifier dans le permis de construire qu’il était prévu dès le départ de couper les arbres et de détruire les murs et que les quelques peintures murales n’avaient aucune responsabilité dans l’affaire !

    Le règne des promoteurs

    Ce n’est pas un secret : les sociétés Meunier (BNP) et Sopic dominent le marché immobilier de Montreuil. Cela reflète le choix municipal (le dernier Plan Local de l’Habitat) de s’appuyer sur le marché pour "dynamiser" la ville. Au détriment de la qualité urbaine. Il n’est pas une opération qui échappe à ce cadre (en dehors du logement social). Voir l’affaire Pasteur ci-contre.

    Voir aussi l’opération "Clos de l’Ermitage", rue de l’Ermitage, 28 appartements et 4 maisons de ville, pour laquelle le promoteur (Capri - Icade) passe des pubs dans la Pravda (c’est bon, c’est de l’argent pour les caisses de la ville). Hauteur de l’immeuble, absence de retrait suffisant de la rue : la qualité urbaine n’est pas au rendez-vous. Les riverains protestent, mais se font envoyer dans les cordes : il faut des logements, et le maire (adjoint) répond qu’il est tenu d’accorder les permis de construire s’ils sont compatibles avec le POS. Bel éloge de l’impuissance d’un élu, mensonger de surcroît, il y a toujours des négociations avec les promoteurs, si la mairie le veut. Et le maire (adjoint) de renvoyer les riverains aux tribunaux pour défendre leur droit au cadre de vie. A quoi servent les élus, si le cadre de vie dépend des tribunaux ? C’est quoi le programme de la municipalité ? La complaisance vis-à-vis des promoteurs ?

    P.P.


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