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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  N° 92 juin 2007

Ecrire au poivron

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AGENDA / EN BREF:

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        La vie comme j’te pousse

        République des cocus

        Houlà-la, gros, gros flottement, dimanche, dans le bureau de vote !

    C’est déjà une sorte d’élite républicaine, ceux qui se sont déplacés pour aller aux urnes, parce que franchement, que l’UMP ait la majorité absolue, ou très absolue, à l’Assemblée nationale...

    Vous faites attention aux panneaux électoraux, au second tour, vous ? Au premier, on s’attarde sur la galerie des prétendants à montrer leur gueule, il y en a qu’on ne reverra jamais à l’affiche ! Mais au second tour... Que la bobine de Mouna Viprey soit absente, des opposants vandales ont pu arracher l’affiche, et de toute façon, ça fait fin de fête foraine, démontage imminent, cette douzaine de panneaux vides des éliminés.

    Bref, c’est généralement inconscient du scandale que les non-pêcheurs à la ligne s’enfilent dans leur groupe scolaire familier. C’est dedans que le ton monte. « Tiens, où il est, l’autre bulletin ? » Moue gênée de l’assesseur, qui répond pour la 273 fois depuis 8 heures. « Elle s’est désistée, madame, il n’y a qu’un seul candidat... ». Mais quoi, mais qu’est-ce ? Monsieur intervient. L’assesseur « ne sait pas », d’ailleurs, il n’a pas à répondre pour les socialistes, qui ont imposé à Mouna Viprey de se retirer dès lundi 11 au soir. Monument d’hypocrisie, le « Montreuil Dépêche » du 13 juin... Dans les boîtes aux lettres le mercredi, pouvait-il l’ignorer, l’organe de la « députo-mairie » ? Il se contente d’indiquer, langue de bois factuellement inattaquable, que « Jean-Pierre Brard et Mouna Viprey sont les seuls à pouvoir se maintenir au second tour »...

    Ça s’appelle le « désistement républicain » : vieux pacte de la gauche française, il consiste à favoriser le mieux placé, du PS ou du PC, face à un adversaire de droite, et le cas échéant, d’éviter les duels fratricides - puisqu’on s’aime, hien ? - Sauf que de péril de droite, à Montreuil, y’en a pas à ce jour, et que pour l’amour à gauche, il faut remonter à quelques décennies en arrière.

    Qu’importe, la socialiste, arrivée seconde, a été sommée de renoncer au profit de l’apparenté communiste, arrivé premier (de peu). Rien à voir avec Montreuil, le deal : en l’occurrence, pour les socialistes, c’était pour obtenir des communistes un renvoi d’ascenseur à Montluçon et à Dieppe. Les bons comptes font les bons maquignons.

    En 2002, circonstance identique, Mouna Viprey s’était crânement maintenue face à Jean-Pierre Brard, bravant les oukases de ses directions départementale et nationale. Elle avait échoué de peu à déboulonner le satrape qui vient glorieusement de remporter, sur le tapis vert, son cinquième mandat de député. Mouna Viprey avait de vraies bonnes chances de l’emporter cette année.

    Avec cette magouille, il n’y a pas d’autres mots, cette gauche touche le fond de la vase. Cocu, roulé dans la farine, le cochon d’électeur aura un jour le dernier mot. Il s’intéressera à d’autres marigots : celui où lancer sa canne à pêche, ou celui des crabes de droite.

    Patrick Piro


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