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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  N° 91 Mai 2007

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        Edito

        La haine de mai 1968

        L’élection de Sarkozy n’est pas une bonne nouvelle, pour les jeunes des banlieues, assignés à résidence dans leurs quartiers ; pour les précaires, sommés de “travailler plus” ; et de façon générale pour les plus modestes.

    Ce n’est pas non plus une bonne nouvelle pour la planète. Le programme de Sarkozy est inspiré de la révolution néo-conservatrice à l’américaine. Il ne se contente pas de faire l’impasse sur le défi écologique, à l’image de Bush fils refusant de ratifier le protocole de Kyoto contre le réchauffement climatique. Il fait courir le risque de nouveaux retards, de nouveaux dégâts. Lobby nucléaire, pétroliers et marchands d’armes, firmes semencières et majors de l’eau, industries pharmaceutiques et bétonneurs...

    Tous ont soutenu Sarkozy ; tous exigeront le droit de déréguler, précariser et polluer, sans entraves ! Les effets concrets de la crise écologique sont déjà là. Cinq années risquent d’être perdues.

    Nos voisins britanniques ont expérimenté, puis rejeté, Thatcher. Nos voisins italiens ont fait de même avec Berlusconi, dont Sarkozy a les apparences d’un clone. Les Etats-Unis se préparent à tourner la page de Bush fils. Avec retard, une majorité des électeurs français a accepté de reproduire cette expérience. Sans attendre leur réveil douloureux, l’heure est à la résistance contre le président le plus à droite depuis des dizaines d’années. L’heure est aussi à la rénovation de la gauche, à Montreuil comme ailleurs, une rénovation sans laquelle la résistance risque de n’être qu’un éternel recommencement.

    Le candidat Sarkozy a terminé sa campagne en faisant feu contre mai 1968, ses grèves ouvrières et son mouvement étudiant, particulièrement contre sa dimension anti-autoritaire. Il veut revenir à la France d’avant 1968, son ordre moral, son conservatisme étouffant, son mépris des droits syndicaux, son histoire coloniale. La haine de mai 1968 est la traduction française du néo-conservatisme américain. Un mouvement “réactionnaire”, au sens premier d’après la révolution française. Mais qui est vraiment prêt à assumer les conséquences pratiques d’un tel retour en arrière dans la vie quotidienne ?

    Avec Sarkozy, c’est une véritable contre-révolution, voulant achever un cycle, commencé par Giscard en 1974, de destruction des acquis sociaux, culturels, démocratiques de mai 1968 ; le film sur les Lip est venu rappeler récemment le tournant que fut le septennat de Giscard.

    Mais après 1974, il y a eu 1981 et la victoire de Mitterrand. Après 2007, il y a 2012, et auparavant, toutes les luttes à mener. Et même, d’ici un an, le 40e anniversaire de mai 1968. D’ici à ce que la remise en lumière de mai 1968 revienne comme un boomerang vers Sarkozy. Sans oublier un vieux proverbe chinois qui qualifie l’action de certains sots en disant “qu’ils soulèvent une pierre pour se la laisser retomber sur les pieds “.

    Ce n’est qu’un début, le combat continue.


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