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Il faut que tu respires Les conversations vont bon train, le soir à table, avec tout ce qui nous pend au nez.
Mon fils :
Ma fille : « Attends, t’inquiète pas, avec notre exposé, on va régler le problème ! » Elle s’est mise en tête, avec une poignée de copines de CE1 - « L’équipe de la nature » -, de mener une campagne de sensibilisation, avec des posters affichés dans la rue. Ça commence comme ça : « La terre soufre ! l’homme polu et cela réchaufe la planète. Je veux bien vivre avec la polution METS il faut être vigilan par-apor a la polution (...) ». Ça produit, sous les cheveux bouclés et lisses. Il y en a chaque jour un peu plus, des schémas explicatifs, des déclarations, des mises en garde. Mon fils :
Oui, y’a un mais. Ils ont bien compris qu’il y a un gros souci. Et ça fout les boules, je ne sais pas vous. Ma voisine, même chose, quand sa fille lui dit l’autre jour, « maman, quand j’aurai des enfants... » C’est quoi, avoir des enfants dans 15 ans ? Qu’est-ce qu’on aura à leur dire, sur la frivolité des années 4x4, des mobiles-wap-GPRS-pixels-video-un million de çonneries ? « C’est pas ma faute à moi, c’est la faute aux anciens » ? Vont-ils nous haïr ? Demander des comptes sur notre vote de 2007 ? Bon, il paraît que ça passe, qu’à l’aube de l’âge adulte, ils ne penseraient qu’à consommer, dociles sous les messages matraqués. En tout cas, c’est ce que pense un autre voisin, qui râle sur leur absence de révolte. Air connu, chaque génération de vieux cons le chante à ses ados. Je me tourne vers son fils. « Qu’est-ce que vous en dites, avec tes copains ? » Tranquille comme Baptiste : « Oh, tu sais, nous on est convaincu qu’on est la dernière génération... » What ? Tiens, ça me rappelle quand je fus djeun’s : la guerre froide. Le Père fouettard, ce n’était pas le réchauffement climatique mais l’hiver nucléaire. Vous préférez la canicule tous les ans ou le frimas radioactif ? Le côté rassurant, c’est qu’on a réussi à se convaincre que le cataclysme atomique n’était plus de mode. À l’époque, Sting nous chantait « What might save us, me, and you, is if the Russians love their children too » - « Si les Russes aussi aiment leurs enfants, ça pourrait nous sauver. » Version nouvelle trouille du 3ème millénaire, ça donne : « Si les humains aussi aiment leurs enfants, ça pourrait nous sauver. » Patrick Piro |