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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 1999 >  N° 13 Mars 1999

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AGENDA / EN BREF:

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        Une seconde naissance pour l’association du cinéma Méliès

        Une seconde naissance pour l’association du cinéma MélièsLe 5 février dernier une pleine salle de fidèles du cinéma Georges Méliès assistait à l’assemblée générale « nouvelle manière » de l’Association Montreuilloise du Cinéma. Un vide est comblé sur la scène culturelle montreuilloise.

    Héritière depuis les années 80 du cinéma Berthelot, l’A.M.C. se voyait confier en 1987 par le Conseil municipal la gestion des nouvelles salles du Georges Méliès. Cette association, au départ très restreinte, (représentants de la municipalité, équipe d’animation et de direction), ayant pour tâche également la promotion du cinéma et un travail envers le jeune public, décidait en 1998 de s’ouvrir aux spectateurs afin d’associer le public à l’animation du cinéma. Cette A.G. était donc une première !

    Le déroulement quelque peu chaotique de la réunion - rien de grave, cela s’apprend - ne doit pas cacher le bon résultat de l’année 98 : une augmentation de 8000 entrées et des comptes équilibrés malgré une baisse de la subvention municipale de 28%. La programmation initiée en octobre 97 semble avoir porté ses fruits : les 230 films diffusés dans l’année ont été vus par 130 mille spectateurs et ce, grâce à des prix raisonnables, aux nombreuses rencontres avec les cinéastes, et à une programmation résolument culturelle qui évite de faire la part trop belle au grosses machines à fric d’outre-atlantique, et à l’incessant travail en direction de la jeunesse.

    Bref, nous l’aimons bien notre Méliès et nous sommes fiers qu’un tel cinéma existe dans la ville de Méliès. Longue vie donc à cette association qui a maintenant pris place aux côtés des autres associations culturelles de la ville.

    L’affaire du multiplexe

    Mais un coup de tonnerre est soudain venu glacer les sangs des cinéphiles. Comme annoncé dans le dernier numéro du Poivron, l’implantation d’un multiplexe (on parle de 14 salles de cinéma) aux limites de Vincennes, St Mandé et du Bd Périphérique se profile à l’horizon, et l’A.G. ne pouvait passer à côté du problème.

    Le réalisateur Gérard Mordillat, venu représenter la Société des Réalisateurs de Films (S.R.F.), dénonçait la dangerosité d’un tel projet pour le Méliès et pour la création cinématographique de qualité en général. A juste titre, plusieurs spectateurs soulignaient que parler de synergie entre multiplexes et salles à vocation culturelle est illusoire : la vocation des multiplexes est hégémonique, ce sont des machines de guerre capitaliste dont le seul but est d’écraser tout ce qui gigote hors de leur escarcelle. Toute « part de marché », même minime, prise au Méliès, le détournera de ses but et le fera inexorablement plonger. Est-ce qu’alors la taxe professionnelle générée par un multiplexe sera suffisante pour développer une politique culturelle alternative ? Peu de voix dans l’assemblée ont défendu le projet de multiplexe.

    C. R.

    Qu’est-ce qu’un multiplexe ?

    Ce sont des lieux marchands destinés à attirer le chaland (pas le spectateur) pour lui vendre le maximum de produits : films, confiserie, jeux vidéos et connexions à Internet, restauration rapide. Ils s’apparentent à des hypermarchés de façon à ce que le client soit à l’aise pour consommer. Au multiplexe, on fait d’abord une sortie, accessoirement on va au cinéma.

    On l’aura compris : l’objectif n’est pas le cinéma, ce n’est que l’argent et le profit.

    Les multiplexes montrent en priorité du cinéma standard, américain le plus souvent, essentiellement des films très médiatisés, supportés par d’énormes campagnes de publicité. En Allemagne, au Royaume-Uni, partout où les multiplexes se sont développés, c’est le cinéma américain qui sort vainqueur au dépens du Cinéma national et européen.

    Le développement des multiplexes vise une concentration de l’exploitation cinématographique au détriment du secteur indépendant.

    Guédiguian et Le Péron s’adressent à Brard

    Après l’annonce du futur multiplexe montreuillois, le Président de l’ACID et administrateur de la S.R.F., Serge Le Péron a rapidement réagi dans une lettre à Jean-Pierre Brard, député-maire de Montreuil, lettre cosignée par un Montreuillois célèbre, Robert Guédiguian, le Président de la S.R.F. Le Péron avait gardé le souvenir d’une rencontre avec Brard, il y a 2 ans, où il avait cru sentir une écoute des problèmes et des espoirs du cinéma français que la création de multiplexe menaçait déjà gravement. Depuis, le phénomène s’est amplifié, et les multiplexes jouent le rôle de porte-avions d’un cinéma américain de pure consommation. Le Péron rappelle que si ces implantations ne cessent pas, les lieux de résistance - comme le Méliès à Montreuil - vont tomber les uns après les autres et il arrivera ce qui s’est déjà produit partout en Europe : la disparition des cinémas nationaux des écrans, l’hégémonie absolue du cinéma américain. Et il appelle le député maire à revenir à une conception du cinéma basée sur la culture et la citoyenneté.


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