accueil   présentation   rechercher   s'enregistrer   liens        

 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 1999 >  N° 14 Avril 1999

Ecrire au poivron

RUBRIQUES:


AGENDA / EN BREF:

_____________________

Site réalisé avec SPIP

        

        Un multiplexe imposé au forceps dans la ZAC Valmy ?

        La municipalité aurait-elle, sur ce sujet aussi, peur du débat ? Le conseil du 15 avril aurait dû entériner le projet de multiplexe en adoptant la vente des droits fonciers du « triangle des Bermudes » à la société ISI développement, pour le transformer en zone commerciale.

    Dans cette délibération, pour la première fois, était annoncé le programme sur cet îlot : « un complexe de cinéma de 6 000 m2 en 15 salles - un ensemble de boutiques de 5 000 m2 - des restaurants pour une surface de 3 000 m2 - un hôtel ou des bureaux pour 8 000 m2 - un ensemble de bureaux de 11 000 m2 - un parking de 600 places ».

    Selon Montreuil Dépêche Hebdo, qui abordait le 31 mars pour la première fois ce sujet en prévision du conseil municipal, les Montreuillois demandent un multiplexe, qui sera un « plus » pour le cinéma à Montreuil. L’article reprend la thèse de l’opposition entre cinéma « grand public » et cinéma d’art et essai, comme si le Méliès ne proposait pas de films « grand public », et si l’opposition n’était pas entre films de qualité, et les autres. Le journal donne la parole au maire et aux adjoints concernés pour confirmer la poursuite du soutien municipal au Méliès, et mettre en avant la finalité économique du projet. L’article se veut aussi réponse à « un certain nombre d’interrogations au sujet du Méliès ».

    Mais, n’en déplaise à notre confrère, l’accord donné par la municipalité à un projet de multiplexe n’a pas suscité seulement des interrogations quand à l’avenir du Méliès. Il a suscité un rejet de la politique générale de la ville en matière d’aménagement urbain (tout pour les zones commerciales). Il a suscité la stupéfaction devant le virage à 180° du maire sur cette question, et sa conversion au libéralisme en matière de cinéma. À Montreuil ou ailleurs, les multiplexes sont une catastrophe pour le cinéma de qualité et pour la diversité des cinématographies. C’est ce qui a valu une intervention de cinéastes comme Guédiguian, Tavernier ou Le Péron auprès du maire pour s’opposer au projet. C’est la même raison de fond qui avait suscité la question des Verts au Conseil municipal de janvier, et qui motive leur opposition fondamentale au projet. Des Montreuillois, professionnels du cinéma, font circuler une lettre ouverte dans le même sens.

    S’y ajoute bien sûr l’inquiétude quand à la viabilité du Méliès et à la perte prévisible de spectateurs. Mais personne n’a douté du soutien de la municipalité, même si, avec l’ouverture d’un multiplexe, la perte probable de spectateurs au Méliès signifiera un trou financier supplémentaire à combler par la ville. Parler de complémentarité entre le Méliès et les multiplexes, comme le fait la municipalité en donnant l’exemple d’Avignon, c’est faire la politique de l’autruche.

    Mais toutes ces prises de position hostiles au multiplexe, ou simplement réservées, n’ont pas droit de cité dans l’organe de la municipalité.

    L’AMC et le multiplexe

    Des raisons fondamentales et le problème de l’avenir du Méliès avaient conduit l’assemblée générale de l’association qui gère le cinéma municipal, l’AMC, à prendre une position de principe contre l’installation d’un multiplexe à Montreuil. En conformité d’ailleurs avec les objectifs inscrits dans ses statuts. L’AMC a pour fonction de défendre le cinéma de qualité à travers le Méliès. Elle a manifesté son désaccord sur le multiplexe, mais ne peut que prendre acte de la décision municipale. Si cette décision est maintenue, elle devra défendre le Méliès dans des conditions très difficiles.

    Débattre

    Il revient aux citoyens de la ville de Méliès, aux acteurs culturels, aux professionnels du cinéma, de défendre une certaine idée de la culture et du cinéma, une tradition de « résistance » contre le libéralisme. Il leur revient aussi trouver le chemin d’un débat public sur la politique culturelle et sur le multiplexe. Pourquoi la démarche participative ne s’appliquerait-elle pas sur ce projet ?

    Jean Caille


    IMPRIMER