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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2002 >  N° 38 Janvier 2002

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        Edito

        Le Méliès perdu pour le service

        

    Jeudi 20 décembre, le conseil municipal a mis fin à la gestion associative du cinéma Méliès au profit d’une régie directe par la ville. Que va-t-il rester du service public après la prise de contrôle par une municipalité connue pour son sectarisme ?


    Le chantage du maire, menaçant de faire fermer le cinéma si la municipalisation n’était pas adoptée, a marché. La quasi-totalité de la majorité municipale (hors PS) s’est inclinée, discipline oblige. L’argumentation municipale avait été fluctuante : la critique initiale (et dans les réunions internes) de l’orientation suivie par l’association a été abandonnée au profit de prétextes juridiques, pour terminer sur "on ne peut pas faire autrement". Plus de 5000 signatures en faveur d’un Méliès associatif, l’opposition des écologistes et des socialistes, n’ont pas convaincu le maire de dialoguer pour trouver une solution associative aux problèmes juridiques.

    Ce qui est en jeu dans cette municipalisation, c’est la question du service public à Montreuil. Pourquoi faire passer en régie directe une institution culturelle ? En quoi l’administration au service du maire est-elle un meilleur service public pour la culture ? Une gestion associative est particulièrement adaptée au secteur culturel, alliant gestion plus souple et engagement citoyen. La culture n’est pas une marchandise : le "tiers-secteur", dont les associations font partie, sans but lucratif, aide à protéger du marché. Il permet aussi, beaucoup plus facilement qu’une régie municipale, de mettre à l’abri des pressions politiques les plus directes. L’autonomie contractuelle peut être source de désaccords ? Le dialogue est là pour les résoudre. Le journal municipal est depuis peu d’années en régie directe : il est de plus en plus un simple instrument de propagande, payé par les contribuables mais au service exclusif du maire et de ses amis.

    En 1995/96, la municipalité avait choisi de s’appuyer sur des dynamiques citoyennes. Elle avait parié sur l’autonomie et l’indépendance d’une association pour gérer le cinéma Méliès, sur le partenariat plutôt que sur le contrôle. Cela n’a pas duré, la glaciation a rapidement succédé à l’ouverture. Le mauvais score électoral du maire en mars dernier a provoqué la formation d’un bunker. Le coup de force est la règle, le dialogue l’exception, pour le Méliès comme pour beaucoup d’autres dossiers. La génération Marchais règne sans partage à la mairie : elle préfère visiblement Brejnev à Gorbatchev.

    Avec la municipalisation du Méliès, c’est un espace de liberté qui risque de se refermer, loin d’un réel service public.


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