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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  N° 90 avril 2007

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AGENDA / EN BREF:

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        Les enjeux d’un fonds de participation des habitants

        Appuyer l’initiative des habitants

        Les CUCS remplacent les "contrats de ville" dans les quartiers en difficultés. Celui de Montreuil est presque bouclé, mais la ville attend un effort financier supplémentaire de l’État avant de le signer.

    Dans le cadre du CUCS (Contrat Urbain de Cohésion Sociale) il est prévu de mettre en place à Montreuil un "fonds de participation des habitants", comme il en existe déjà beaucoup ailleurs. A priori, c’est plutôt une bonne nouvelle. Pour l’instant, une présentation rapide et relativement vague a été faite au conseil de quartier "République", ce qui ne permet pas de trop préjuger de ce qui se mettra en place à l’arrivée. Mais la ville a déjà proposé un projet de statuts d’association à constituer pour la gestion de ce fonds. Ils donnent une idée du cadre fixé. L’association devrait être composée de représentants des 3 conseils de quartier du Bas Montreuil, elle gèrera le fonds dont l’objectif est "d’organiser et de développer des évènements et des activités qui permettent de susciter de la mixité et du lien social".

    Est-ce cette association qui sera à l’initiative et l’organisatrice des diverses actions ? Quelle est la part des habitants en dehors des circuits associatifs, dans l’élaboration du projet, pour qu’ils ne soient pas de simples consommateurs des initiatives, aussi sympathiques soient-elles, proposées ? Comment éviter que cela se réduise à un simple comité des fêtes et favoriser une participation effective ? Comment éviter que cela serve à financer des actions jusque là financées dans les procédures habituelles de subventions ? Tout cela mérite réflexion.

    Selon les orientations officielles (1999), "il ne s’agit pas d’ouvrir un guichet supplémentaire. La finalité première de ces fonds est de faciliter la prise d’initiative et l’auto organisation des habitants pour des projets contribuant à l’animation du quartier et à l’enrichissement des liens sociaux". Il est "destiné à soutenir, de manière souple et rapide, les projets conçus et mis en œuvre par des habitants."

    Comment cela se passe-t-il ailleurs ?

    A Belleville (Paris), ce fonds est baptisé "fonds de soutien aux initiatives des habitants" et existe depuis fin 2003. La démarche a démarré de manière bien différente. Des représentants d’associations et des habitants individuels ont porté l’idée. Pendant 1 an, il y a eu des rencontres, des actions de sensibilisations sur le marché et en d’autres lieux pour faire émerger le projet, travailler ensemble les statuts, la charte des principes, le règlement de fonctionnement, les outils (fiche projet, outils de communication, assurance pour couvrir les initiatives...).

    L’association a été créée lorsque tout a été prêt. Elle a mis en place un comité de gestion composé d’habitants, des représentants associatifs et 2 sièges sans droit de vote pour les financeurs, aidés par l’équipe de développement local. Un quota de présence de 9 personnes est requis à chaque réunion. Il est demandé aux bénéficiaires du fonds de participer au comité de gestion au moins 2 séances de suite et sinon bien sûr, autant qu’ils veulent et ce pour permettre à d’autres d’en bénéficier, car pour cela l’implication dans la gestion est indispensable. Le comité se réunit une fois par mois pour l’examen des projets et le versement est immédiat. Un compte rendu et les factures sont demandés à la réunion suivant l’initiative. Ne peuvent soumettre des projets que des habitants "inorganisés" ou de petites associations non ou peu subventionnées. Le comité de gestion n’est là ni pour décider et encore moins organiser, mais peut donner conseil et mettre en lien. Ce sont la charte et le règlement qui sont garants.

    Que finance le fonds ?

    Quelques exemples de projets financés : Fêtes de rue ou d’immeubles, fête de printemps pour les locataires de l’OPAC organisée par leurs gardiens, sortie à la mer des résidants du foyer Sonacotra et des jeunes "français " du quartier, cueillette collective en Seine et Marne de légumes, animation livre et goûter par une libraire et une bibliothécaire du quartier, spectacle de clown par deux artistes du quartier dans le square et la cour HLM, réveillon pour personnes isolées, la liste est longue.

    Tout n’est pas simple, il y a plus de projet en été qu’en hiver, la mobilisation pour permettre le suivi et la gestion doit être constante, l’information dans le quartier permanente, pour que tous puissent y avoir accès. De plus une personne isolée n’a pas forcément la possibilité de réaliser son idée, il faut alors créer des liens d’aide sans interférer.

    Le fonds, source de lien

    Bien sûr les initiatives en elles-mêmes ont créé du lien et du mélange, mais c’est aussi le parti pris de fonctionnement : participation tournante, contact permanent avec les habitants, rôle des associations qui ont appris à soutenir tout en s’effaçant, qui ont permis d’avancer. Le mélange se retrouve dans le comité de gestion qui regroupe aujourd’hui des jeunes et des femmes de toutes origines, dont certaines parlent à peine le français (on traduit parfois) les gardiens de l’OPAC, une artiste, des parents d’élèves, des représentants associatifs et des habitants du quartier plutôt classe moyenne. Tout cela a des hauts et des bas, il faut toujours remettre l’ouvrage sur le métier, mais dans l’ensemble c’est plutôt une réussite. Ajoutons encore que les financeurs que ce soit la Ville ou l’Etat n’ont jamais imposé quoique que ce soit, ils ne sont d’ailleurs pas souvent présents, c’est la seule subvention en constante augmentation depuis la création du fond. Seul est fourni comme c’est normal, un compte-rendu en fin d’année des actions et financier.

    Gabrielle Grammont


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