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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  N° 90 avril 2007

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        Edito

        Un “Non Bercy” qui ne passe pas

        Trois mois de tapage médiatique pour manifester l’opposition du maire à la venue de fonctionnaires du ministère du budget dans des bureaux de l’immeuble "Le Valmy" (bas Montreuil) laissent une impression de démagogie populiste profonde.

    Le premier malaise vient d’une campagne qui prend pour cible Bercy et ses fonctionnaires, et qui surfe donc volontairement sur les sentiments anti-impôts, anti-administration publique, anti-fonctionnaires d’une partie de la population. Par là même, elle les renforce au lieu de les combattre. Sans impôts, pas de solidarité. Sans fonctionnaires, pas de services publics. Quand une ville "de gauche" mène campagne pour expliquer qu’une administration publique est malvenue, au lieu de défendre le service public, on se demande où le maire a jeté les valeurs de la République. Une ville devrait se réjouir de l’installation de services publics. Taxe Professionnelle (TP) ou non, l’arrivée de nouveaux travailleurs, qu’ils soient salariés ou fonctionnaires, fait vivre la ville, ses commerces, ses associations, ses sous-traitants, etc.

    Malaise encore quand le maire proposait la mise en place d’un "fonds de compensation" abondé par la ville de Paris, destiné aux villes accueillant des administrations publiques délocalisées de Paris. En effet, l’État doit vendre les immeubles libérés à des sociétés privées, d’où des nouvelles recettes de TP pour la ville de Paris. Là encore, on est dans le populisme : Paris est une ville riche, elle doit payer. Mais qu’aurait dit le maire de Montreuil, si la ville de Paris avait mené une campagne symétrique, pour ses pertes de TP provoquées par la délocalisation de Paris à Montreuil d’entreprises privées comme la BNP, Air France, Nouvelles Frontières... ? Loin de la guerre de chaque commune contre toutes pour augmenter ses recettes en TP, des solutions de solidarité existent : la réforme de la fiscalité locale, mais aussi la voie de l’intercommunalité, avec la mise en commun de la TP et des recettes nouvelles. C’est une voie solidaire refusée par la ville de Montreuil.

    Mais le malaise est encore plus profond avec la "sortie de crise" annoncée par le maire. Il accepte les services du budget contre le droit de construire 80 000 m2 de bureaux supplémentaires, entraînant, dit-il, 4 millions d’euros de recettes supplémentaires par an en TP, 10 fois plus que le supposé "manque à gagner" provoqué par l’arrivée de 400 fonctionnaires du Budget. Cela fait de nombreux mois que le maire voulait mettre fin à la "convention d’équilibre" signée avec la Préfecture, qui l’obligeait à construire 1 m2 de logements pour 1 m2 de bureaux. C’était l’un de ses objectifs pour le Plan Local d’Urbanisme. Davantage de bureaux et moins de logements : bonjour la politique"sociale" et la qualité urbaine.

    La soit disant "crise" avec Bercy n’a-t-elle été qu’une construction artificielle pour avoir le droit de construire plus de bureaux ? Non, décidemment, un tel populisme ne passe pas.


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