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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  N° 92 juin 2007

Ecrire au poivron

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AGENDA / EN BREF:

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        Dominique Voynet

        Un besoin de changement

        Regarder la ville avec un oeil neuf, plus près du quotidien

    Les élections législatives ont désorienté, et déçu, bien des électeurs de gauche à Montreuil... Tous auraient admis un « désistement républicain » s’il avait existé un risque, même faible, d’élection d’un candidat de droite. Beaucoup n’admettent pas que des accords au sommet, entre appareils, privent les citoyens de Montreuil de la liberté de choisir quelle gauche les représentera à l’Assemblée...

    Réélu, le député semble bien décidé à concourir à nouveau aux municipales, après 35 années de présence ininterrompue dans l’exécutif municipal. Certains s’en accommodent, d’autres baissent les bras... Rien ne changera donc jamais à Montreuil ?

    Changer ? Nous en ressentons fortement le besoin. Pas pour mettre en place un nouveau calife qui adopterait peu ou prou les mêmes méthodes. Parce que le moment est venu de porter un autre regard sur une ville fière, à juste titre, de son histoire ouvrière, de sa diversité sociale, de la vitalité de sa vie associative et culturelle. Et de renouveler les pratiques, les équipes et les projets.

    Un programme ?

    À chaque élection, on s’interroge sur les motivations des citoyens : comment allez-vous vous déterminer ? Sur le programme ? Sur la personnalité des candidats ? Et chacun de s’écrier : sur le programme bien sûr !

    Pour ma part, j’en suis arrivée au fil du temps à relativiser l’importance du programme.

    Il en faut un, bien sûr... C’est le chantier qui permet de construire la cohésion et la cohérence d’une équipe. C’est le support d’un dialogue indispensable avec les habitants, qui évoluera en fonction des suggestions et des critiques pertinentes qui seront collectées au cours de la campagne. C’est la feuille de route, fixant les grandes priorités, à laquelle on fera référence chaque fois que ce sera nécessaire.

    Au quotidien

    Et pourtant... ce n’est pas l’essentiel.

    Parce qu’au quotidien, les problèmes ne se présentent presque jamais comme on l’avait imaginé. On doit affronter des coups durs, prendre position sur des programmes qui n’existaient pas au moment où on s’est présenté devant les électeurs. Fallait-il hier embaucher des emplois jeunes ? Ou détruire des logements, comme le propose l’ANRU ? Comment reloger les habitants d’un squat qui a brûlé ? Ou remédier au départ d’une activité économique ?

    Parce qu’il ne s’agit pas seulement de mettre en œuvre un programme, mais aussi d’animer une communauté humaine, de mobiliser les administrations et les services de la ville, de convaincre les services de l’Etat, de travailler avec les communes voisines, d’être à l’écoute de ce qui bouge dans la société, d’accompagner les projets des habitants, des acteurs économiques, de gérer des conflits d’usage, des contradictions aussi entre des attentes également légitimes et pourtant difficilement conciliables...

    Construire les décisions

    On construit des décisions avec les habitants, en fonction des besoins, et des opportunités, on expérimente, on généralise ce qui marche, on revoit ce qui fonctionne moins bien...

    Et pour ça, ce qui compte, ce sont les valeurs partagées : l’égalité des droits, la responsabilité, la solidarité des personnes et des territoires, le respect de la dignité de chacun, le refus du clientélisme et de la corruption ... au sein d’une équipe cohérente, où les compétences et les talents de chacun sont reconnus et respectés. Ce sont les outils du débat démocratique aussi.

    Une démocratie plus participative... Qui est contre ? Comment concrétiser cette aspiration ?

    En réalité, ce ne sont pas les habitants en général qui participent aux consultations, mais une certaine catégorie d’habitants, ceux qui lisent le Poivron par exemple ! Une bonne partie des gens ne s’autorise tout simplement pas à avoir un avis, encore moins à venir le défendre, comme le montre bien « La France invisible ». Il nous faudra donc inventer, avec humilité et audace, les outils qui nous permettront d’aller à la rencontre de ceux qui ne s’expriment pas, auxquels une poignée de main électorale ne peut pas suffire...

    Un défi

    Ca peut surprendre, mais je crois qu’une partie de notre travail, c’est dans cette période... d’oublier ce qu’on sait, ou croit savoir, pour redécouvrir notre ville avec un œil neuf, pour changer de regard, de focale, pour multiplier les angles d’approche.

    Pas de démagogie, pas de naïveté, de la politique, la vraie, pour une ville à vivre, plus juste, plus douce, plus belle. Sacré défi, pas vrai ? Je l’ai dit déjà, je le confirme aujourd’hui : si vous, habitants de Montreuil, le souhaitez aussi, je suis prête à le relever.

    Dominique Voynet

    La France invisible, coordonné par S. Beaud - Éditions La Découverte


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