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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  N° 88 février 2007

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        Une pièce de John Osborne au CDN de Montreuil du 7 au 31 mars

        Music’Hall 56

        Traduite depuis les années 1960, cette pièce n’avait pourtant jamais été jouée en France jusqu’à présent. Elle est créée à Dijon en ce mois de février, puis vient à Montreuil avant de migrer à Toulouse. C’est une co-production du Théâtre Dijon-Bourgogne, du Théâtre national de Toulouse-Midi-Pyrénées, du Centre dramatique national de Montreuil, de Duo Dijon et de la Compagnie 813.

    The Entertainer a été créé le 10 avril 1957 au Royal Court Theatre de Londres dans une mise en scène de Tony Richardson. Laurence Olivier jouait le rôle-titre, Archie Rice, un artiste de music-hall qui ne fait rire personne.

    Comme pour Look back in anger , le succès de la pièce permit à Tony Richardson de tourner une adaptation cinématographique, un film qui date de l’année suivante, toujours avec Laurence Olivier.

    L’histoire

    Music Hall 56 raconte quelques journées d’une petite famille anglaise pendant l’expédition militaire de Suez en 1956.

    Le grand-père, Billy Rice, vieil acteur de music-hall à la retraite et vétéran de la première guerre mondiale, multiplie les allusions réactionnaires à "tout ce ramdam là-bas, au Proche-Orient" : "on dirait que maintenant les gens ont le droit de nous traiter n’importe comment. Cette bande de voyous mal lavés".

    Le père, un comique raté, Archie Rice, fait mine de s’en désintéresser comme de tout le reste. Sa femme, Phoebe, craint pour la vie d’un de ses fils, Mick, appelé sous les drapeaux, dont on se demande d’abord "combien il a descendu de bougnoules", avant d’apprendre par les journaux et un télégramme administratif qu’il a été fait prisonnier, puis que son cadavre pourra être rapatrié.

    Frank, l’autre frère, s’est déclaré objecteur de conscience et a purgé six mois de prison et une peine de travaux d’intérêt général pour refus de servir. La fille d’Archie, Jean, qui enseigne à Londres dans un foyer pour jeunes délinquants, avoue à son grand-père qu’elle a participé à une manifestation contre la guerre à Hyde Park.

    La pièce

    La pièce d’Osborne se sert avec subtilité (c’est-à-dire avec insistance et discrétion à la fois) d’un matériau historique qui semble avoir opportunément disparu de notre mémoire. Les personnages de la pièce se retrouvent avec les quelques oripeaux poussiéreux qui veulent encore leur faire croire qu’ils sont au centre du monde (la statue en carton-pâte de Britania, le drapeau du Royaume-Uni et du Commonwealth) alors qu’ils se savent être dans "un trou perdu dont on ne peut jamais se rappeler le nom", la banlieue d’une ville qui n’est même pas une ville, mais une station balnéaire à l’écart du monde et de la vie, un endroit où les trains des grandes lignes ne passent jamais.

    Grande pièce sur l’humiliation du nombrilisme européen et occidental, Music Hall 56 porte en creux, comme un négatif photographique, l’histoire de la décolonisation et de l’élargissement de l’Histoire aux pays du Sud, un processus qui continue à hanter le monde d’aujourd’hui.

    The Entertainer est aussi un hommage à la tradition du music-hall, et par là une pièce sur une certaine idée du théâtre, débarrassée de toute tendance à la sacralisation ou à la ritualisation de la scène. Les critiques anglais y avaient décelé en 1957 l’influence nouvelle de Brecht sur Osborne, mais ce dernier y croise le théâtre de Brecht presque sans faire exprès : l’interruption de la fable par des numéros de music-hall et des chansons était une façon pour Osborne de ressusciter un genre alors à l’agonie en Angleterre.

    Osborne

    La pièce est mise en scène par Irène Bonnaud, qui défend l’actualité intellectuelle et théâtrale d’Osborne, 50 ans après l’expédition de Suez, en pleine guerre d’Irak : "Figure emblématique d’une révolte de la jeunesse anglaise dans le théâtre et le cinéma, les fameux "angry young men", John Osborne a eu la mauvaise idée de survivre à ses premières pièces et de devenir un vieux monsieur paisible. En France, il n’est plus joué, considéré comme démodé, et ce avec d’autant plus de facilité que ses pièces ne sont plus disponibles en librairie. Pourtant, quand on fait l’effort de se replonger dans ces textes, on est frappé, par-delà le vieillissement inévitable des traductions de l’époque, par la force de la langue, la radicalité du sujet, la création de très grands personnages de théâtre".

    CDN de Montreuil du 7 au 31 mars 2007

    Représentations : lundi, mercredi, vendredi et samedi à 20h30, mardi et jeudi à 19h30. Représentation exceptionnelle : dimanche 25 mars à 17h. Relâche les dimanches 11 et 18 mars, les mercredis 21 et 28 mars.

    Salle Maria Casarès, 63, rue Victor-Hugo - 93100 Montreuil

    Tarifs de 8,50 à 17 euros. Renseignements et réservations : 01 48 70 48 90

    www.cdn-montreuil.com


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