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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  N° 88 février 2007

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        Edito

        Quotient familial ou gratuité ?

        Depuis début janvier, les cantines scolaires sont gratuites dans les villes de Drancy et du Bourget, deux villes avec des maires UDF.

    Le financement de cette mesure sera assuré par une dotation supplémentaire de l’État pour la communauté de communes qu’elles forment. Cette décision a été un succès auprès des familles (900 nouveaux demi-pensionnaires), auprès des médias, mais a suscité des réactions mitigées, voire contradictoires, de la part des parents d’élèves et des élus.

    Le problème est connu : la montée de la pauvreté fait que de plus en plus d’enfants sont mal nourris, et, les parents n’ayant parfois plus les moyens de leur payer la cantine le midi, se retrouvent le ventre vide l’après-midi, avec les conséquences que l’on peut imaginer sur le suivi scolaire... Ne mettre aucun barrage pécuniaire à l’accès au repas, au moins pour ces enfants, va de soi. Faire de la cantine scolaire un service public universel, c’est aussi utile pour l’éducation nutritionnelle et la lutte contre l’obésité.

    C’est un objectif essentiel, que la gratuité ou le quotient familial peuvent permettre d’atteindre. S’il y a une volonté politique. Pourquoi alors être réservé, et voir de la démagogie électorale derrière cette décision ? D’abord le financement et le financeur : la gratuité se paie, par les impôts locaux ou nationaux. La dotation spéciale de l’État n’est pas faite pour durer. Ensuite, l’équipement des communes en cantines, leur dotation en personnel, sont partout dramatiquement en retard. Les cantines du Bourget et de Drancy n’étaient pas prêtes à accueillir dans des bonnes conditions autant de demi-pensionnaires. Que les communes optent pour la gratuité ou le quotient familial cela rend difficile l’accueil de davantage d’élèves.

    Enfin, l’accès à la cantine scolaire est loin d’être "universel" dans la plupart des communes. Historiquement, les villes ne sont pas dans une logique de droit à la cantine, mais dans une logique d’aide aux parents (à la mère) qui travaillent. Devant l’insuffisance des places, il y a souvent des exclus, chômeurs et intermittents notamment. A Drancy d’ailleurs, les élèves de maternelle n’ont pas droit à la gratuité.

    La popularité de la décision des deux villes UDF souligne le retard pris par les villes de gauche pour permettre aux familles les plus modestes de mieux accéder aux cantines, même quand les parents sont au chômage. A Montreuil notamment, depuis des mois, les élus écologistes se battent contre le prix des cantines scolaires, qui sont parmi les plus chères de la région. Ils demandent une refonte complète du quotient familial, pour baisser les tarifs des premières tranches. Le conseil municipal de janvier devait être saisi par la municipalité d’un premier petit pas en ce sens. Las, le maire a eu peur d’un débat qui risquait de faire ressortir le retard de Montreuil au moment où la question de la gratuité était soulevée. Le point a été repoussé à une meilleure opportunité politique, et les Montreuillois devront encore attendre pour voir la cantine plus accessible à tous.


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