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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  N° 87 janvier 2007

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        Mise en commun et appui mutuel

        Aziou Liquid à Berthelot

        Non, la multinationale n’ouvre pas succursale chez nous, il s’agit de la première apparition montreuilloise de l’étonnante troupe de l’Art Éclair. Courrez-y.

    Faut suivre. L’Art Éclair décoiffe. Un an à peine que la toute jeune troupe de théâtre a pris résidence aux « Lilas en scène », et déjà quatre créations présentées au public.

    Il y a eu bien sûr le mémorable « Week-end de rêves », pièce-manifeste et objet théâtral fulgurant. Sur un argument simple : vendredi soir est là, on fait quoi demain ? Ça sera la mer. Fantasmes, autocar, engueulades, rires. Ce qui n’est pas banal, c’est que la plupart des acteurs sont handicapés mentaux, pensionnaires du foyer Afaser de la rue des Papillons, à Montreuil. Avec le reste de sa bande d’allumés - productrice, comédiens professionnels, techniciens, copains -, l’acteur Olivier Brunhes, fondateur et metteur en scène de la troupe, vient de lâcher une bombe. Tout le monde est arrosé. Public, comédiens, critiques, journalistes, professionnels sont touchés par la grâce et l’énergie qui se dégagent de « Week-end de rêves ». Un théâtre dégondé, concerné et concernant, hors cadres, subversif, culotté, généreux à la tonne, émouvant, hilarant. « Je voulais me sauver de l’ennui qui mine ce monde artistique tellement convenu, et en entraîner d’autres avec moi, des privés de parole et de scène », explique Olivier Brunhes.

    Du succès du “Week-end de rêves”...

    La nouvelle se répand à la vitesse de l’Éclair dans les cabinets municipaux, les scènes locales et nationales, les cabinets des services culturels et jusqu’au ministère : un truc est né, qui ne ressemble à rien d’autre. On s’épate de sa force de conviction, de son dynamisme, de sa sincérité, on promet des aides, de rappeler pour se voir - et on le fait. Olivier Brunhes s’invite chez les maires, les chefs, contacte le Secours populaire, les autres théâtreux des Lilas, invite la concierge et le personnel municipal. « Le théâtre conçu en chambre ne m’intéresse pas. Je veux rencontrer la ville et les gens. » Le 9.3 le cajole. Il est attendu à Sevran et à Clichy-sous-Bois, pour livrer sa version des émeutes. « D’autres contacts en France ? », l’interroge-t-on. « C’est l’Europe qu’on tape », corrige amusé Olivier Brunhes, qui n’aime rien tant que hausser la barre, entre défi et réalité en chantier. Il se paye le luxe unique de mettre en mouvement une trentaine de personnes avec un budget d’à peine 30 000 euros par mois - il en faudrait bien dix fois plus selon les standards de production et de salaires.

    À l’Art Éclair, le désir mène la danse et la logistique court derrière. Le téléphone sonne et personne ne songe à prendre de repos. Dès fin janvier 2006, en plein explosion « Week-end de rêve », c’était la lecture devant 350 personnes du « Fossé de l’aumône », pièce écrite par Olivier Brunhes, puis « Blues-s-Cat » joué en juillet au festival off 2006 d’Avignon. Une cinquantaine d’ateliers théâtre ont déjà eu lieu avec l’Afaser, etc.

    ...à la nouvelle création

    Et c’est désormais « Aziou Liquid », nouvelle création, présentée dès fin janvier sur plusieurs scènes de Seine-Saint-Denis. Bernard Boey et Virginie Cuisinier, acteurs « extraordinaires » de l’Afaser et très remarqués lors de « Week-end », répètent désormais tous les jours ou presque. Faouzia Boquet, femme de ménage, Hélène Théry, poétesse, Alice Varennes ou Benjamin Favreul, autres amateurs, ont rejoint eux aussi la troupe aux côtés de comédiens professionnels (1). Pièce écrite à six mains, celles du grand auteur ivoirien Koffi Kwahulé, de François Prodromidès et d’Olivier Brunhes, « Aziou Liquid » poursuit le défrichage engagé par « Week-end » : le monde du travail, qui nous obsède tant de lundi à vendredi (voire plus), ça produit quoi, comme rêve ? Il n’y avait pas cadre plus approprié que la surpuissante multinationale Aziou Liquid, avatar de la World Company (2), pour mener la réflexion. Le dysfonctionnement commence par les portes automatiques du hall d’entrée. Il y aura savoureusement pire. « Aziou Liquid » sera donnée fin janvier au théâtre Berthelot (3). C’est une première montreuilloise. Réservez sans tarder, la multinationale n’embauchera pas tout le monde !

    Patrick Piro

    (1) Stéphanie Lanier, Emmanuelle Bougerol, Isabelle Sueur, Isabelle Decroix (également productrice), Antoine Brugière, Philippe Dormoy, Alain Dumas, Johann Abiola. Avec : Bastien Courthieu et Corinne Véron (scénographie), Tom Yang (chorégraphie), Bastien Courthieu (création lumière), Gilles Normand (création son), Aurélia Tastet (assistante mise en scène), Benjamin Favreul et Stéphane Popu (vidéos et images), Anthony Nicolas (construction décor). (2) dont on gagnera à consulter le site ébouriffant : www.aziouliquid.com. Voir aussi www.art-eclair.org (3) 6, rue Marcelin Berthelot, mardi 30 et mercredi 31 janvier à 20h30. Et répétitions publiques le 24 (19h00) et les 25, 26, 27 (20h00) aux « Lilas en scène » (23 bis, rue Chassagnolle, Les Lilas). Dans les deux cas, réservez au 01 48 97 96 51


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