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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  N° 89 mars 2007

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        Disparition

        Jean Acamas a quitté ses amis

        Jean Acamas vient de nous quitter. Le Poivron republie une interview qu’il nous avait accordé pour le numéro 3 du Poivron en janvier 1998

    Il est décédé dimanche 25 février à Montreuil. Il avait 78 ans. Jean était une figure marquante du bas Montreuil et appréciée très au-delà de ses proches. Il se promenait dans le quartier avec un béret rouge, rapport à ses origines basques, et rêvait d’y organiser des courses de vaches landaises. Il était aussi de ces militants populaires, d’une générosité légendaire, avec un "sens de classe" comme on disait, qui rêvait d’un autre monde et se battait dès aujourd’hui contre toutes les injustices.

    C’était un militant communiste depuis 1947, qui avait pris du recul avec le parti mais qui avait à coeur de poursuivre les mêmes luttes. Il fut un pilier du "comité de pilotage", ancêtre du conseil de quartier au début des années 1990 ; il fut à l’origine du carnaval ; il fut à l’origine du "chiffon rouge", une association pour que les jeunes du quartier puissent trouver un emploi ; il se battait pour des espaces de jeux (foot, etc...), pour des demandes de logement, etc. Il avait accepté de donner en février 1998 un entretien au Poivron, pour le n°3, sur le "Chiffon rouge".

    Le chiffon rouge

    Jean Acamas a soixante-dix ans, cet ancien chef de chantier (dans la charpente) est militant depuis 1947 au Parti communiste et montreuillois. Son engagement est entièrement dévoué au service du Chiffon Rouge qu’il a créé et dans lequel il se retrouve complètement comme individu, citoyen et militant.

    Jean Acamas : Aujourd’hui, ma lutte, c’est le Chiffon Rouge, c’est une démarche citoyenne pour l’emploi des jeunes de Montreuil. J’y mets dedans toutes mes joies, toutes mes peines, toute ma sincérité et toute mon expérience des luttes acquises, par un très long et ardent combat pour la justice sociale.

    Moi, le militantisme dans le Chiffon Rouge, ça me permet de faire des choix concrets, ça me permet de choisir des partenaires et de rencontrer des entreprises qui n’ont pas peur de côtoyer le Chiffon Rouge, des administrations et des responsables administratifs aussi.

    Je sais étudier autour de moi ce qui se passe, évaluer les besoins des jeunes des quartiers de Montreuil et, plus largement, je suis sensible à l’appel au secours de la jeunesse d’aujourd’hui... Mais je ne peux pas tout faire seul. Il y a Brigitte Brousseau qui m’apporte son soutien. Je rappelle que nous sommes bénévoles.

    Le Poivron : Comment fonctionne le Chiffon Rouge ?

    Jean Acamas : C’est en discutant avec les jeunes et en comprenant leur appel (il y a ceux qui veulent travailler et ceux qui veulent dormir) que j’ai persévéré dans mes démarches pour leur trouver un emploi. Moi, je discute avec eux, je leur parle et ils viennent s’inscrire à la permanence du local du Comité de Pilotage, 241, rue de Paris, mardi, mercredi, jeudi de 14 heures à 17 heures (tél. : 01 42 87 32 27). On les aide à faire leur C.V. et des lettres de motivation ou, encore mieux, ils les font eux-mêmes mais on ne leur promet rien. Dès leur inscription, ensemble on recherche, on les épaule...

    Le Poivron : Tu leur donnes confiance...

    Jean Acamas : Naturellement. Certains ont trouvé eux-même du travail. C’est par rapport à ces rencontres que je me suis aperçu que les jeunes ne savaient pas faire les démarches qui débouchent sur un emploi (pourtant certains ont des diplômes que certains fonctionnaires n’ont pas). Suivant leur profil et ce qu’ils veulent bien faire, parce qu’au Chiffon Rouge, on leur autorise le droit à faire un choix, donc suivant leur option, on les encourage dans cette direction, on prend contact avec des entreprises de Montreuil et d’ailleurs, que je connais parfois et avec qui on a de bons contacts.

    Le Poivron : Et ta philosophie, Jean, c’est quoi ?

    Jean Acamas : Moi qui suis con comme un balai, moi qui n’ai pas de diplôme, à part mon CAP de charpentier que j’ai obtenu en 1947, j’ai réussi à convaincre des personnes de me suivre dans la démarche du Chiffon Rouge qui est une démarche citoyenne et non pas associative.

    Elle s’inscrit dans le cadre du conseil de quartier. Je ne vois pas pour quelles raisons "certaines personnes trembleraient" devant l’évolution du Chiffon Rouge alors qu’on n’hésite pas à dérouler le tapis rouge aux arnaqueurs de la terre entière...

    J’insiste pour que les jeunes s’inscrivent sur les listes électorales, pour qu’ils puissent s’exprimer en tant que citoyen, qu’ils jugent par eux-mêmes sur les actes (des politiques) et non pas sur le discours.

    En conclusion, je ne pense pas que les emplois-jeunes satisferont toutes les demandes de la jeunesse. C’est pour cette raison que j’insiste pour créer un forum des entreprises de la ville, pour qu’il existe une meilleure coordination des emplois à Montreuil. On ne peut pas rester à contempler la division de notre société ; nous devons ensemble, entreprises et citoyens construire L’Arc de Triomphe de l’emploi.

    Je voudrais remercier les entreprises qui ont été à l’écoute du Chiffon Rouge et des jeunes pour leur chaleureux accueil et toutes les personnes qui contribuent à la réussite du Chiffon Rouge.

    Propos recueillis par Jean-Michel Marié


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