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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2006 >  N° 84 octobre 2006

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AGENDA / EN BREF:

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        Roms de montreuil entre deux expulsions

        Message de solidarité

        Il n’y a pas eu de demande d’expulsion, pas de procédures légales. Pourtant, le 27 septembre au matin, la police est arrivée et a enjoint les Roms de partir.

    Ils viennent du fond des temps,

    Allant puis revenant,

    Les Tsiganes,

    Ce sont nos parents anciens,

    Des Indo-Européens,

    Les Tsiganes,

    Cheval maigre et chien perdu,

    Dans la nuit bleue

    Quand je passe, je n’ai pas peur d’eux...

    (Les Tsiganes - Léo Ferré)

    Le mot Tsigane utilisé en Europe, vient du grec byzantin, il signifiait « paria ». Ce terme ayant pris des connotations négatives, les intéressés préfèrent utiliser le mot Rom qui signifie « l’homme » en romani.

    Montreuil a toujours été un lieu de passage et de rendez-vous pour les Roms d’Europe de l’Est.

    Ils sont arrivés de Russie, de Hongrie, à pied ou à cheval, avec des tentes, des roulottes, ils sont restés, se sont posés, en colorant le paysage en gardant toujours l’esprit du voyage...

    Aujourd’hui, les Roms de Montreuil viennent de Roumanie. Ils envoient leurs enfants à l’école et voudraient leur donner toutes les chances de l’accès à l’éducation car ils ont compris qu’elle est la clé de l’intégration aux valeurs européennes.

    Et l’intégration est possible !

    Les Roms ont une faculté d’adaptation hors du commun (apprentissage des langues, capacité de rebondir). Les Roms ont une richesse culturelle et philosophique peu connue. « Clandestins de l’histoire » car, pour les Roms, le temps n’existe pas, ils vivent un éternel présent « une bougie n’est pas faite de cire, elle n’est que flamme ».

    Peuple en marge, les Roms dérangent. Peut-être parce qu’ils réveillent en nous cette conscience de liberté, de fragilité, de l’éphémère qu’est la vie même.

    Incapables de se faire entendre et de défendre leurs droits, ils sont marginalisés dans des sociétés qui les craignent et les méprisent de longue date.

    Conscients de la gravité de la situation, nous sommes quelques habitants de Montreuil qui ne pouvons rester indifférents à leur isolement, leur misère et leurs conditions de vie déplorables.

    Le courage des Roms et leur détermination à vouloir être acceptés par la ville de Montreuil (où ils sont arrivés depuis six ans pour la plupart), les liens de confiance et le respect mutuel que nous avons tissés, nous stimulent à les aider à vivre en paix. Encore faut-il que les élus locaux soient eux aussi au rendez-vous ! Au lieu de les pourchasser des terrains où ils ne dérangent personne et où, grâce à leur énergie et leur savoir-faire, ils peuvent se ressaisir, aidés par les associations, les habitants (et les élus ?) donnons leur une chance de vivre leur différence au sein de notre ville et de pouvoir agir en citoyens responsables. Détruisons les ghettos et les idées reçues ; ils demandent notre soutien, être reconnus comme habitants à part entière.

    Assurons le succès d’un tel combat « et le mot Rom aura une connotation de fierté ». (Bojdar DIMITROV, journaliste Rom - Courrier International n° 662).

    Colette LEPAGE - une habitante

    Il n’y a pas eu de demande d’expulsion, pas de procédures légales. Pourtant, le 27 septembre au matin, la police est arrivée et a enjoint les Roms de partir. Appelée par qui ? Pas par la Préfecture. A 8h, Monsieur Maesano, maire adjoint (PC) à la sécurité ( !) arrivait, constatait que les Roms avaient quitté le terrain et faisait procéder à la destruction du campement. Une expulsion-intimidation illégale.

    Errances

    Été 2001 : plusieurs familles roms (originaires de Roumanie) s’installent au 47, rue Paul Doumer dans un bâtiment désaffecté du ministère de l’Agriculture. Un comité de soutien aide à la scolarisation des enfants et à la stabilisation du groupe, à l’image de ce qui se fait dans la ville voisine de Fontenay. Avril 2003, faisant fi de toute solidarité, la mairie fait procéder à leur expulsion.

    Juillet 2003 : les Roms s’installent dans une ancienne ferme au 23, rue Pépin. Le 3 mai 2005, ils sont encore expulsés. Certaines familles s’installent place de la mairie, mais les bulldozers municipaux rasent leur début de campement.

    Une partie des familles squattent la friche Audax, avenue Pasteur, s’en font expulser, reviennent, sont finalement expulsées fin août 2006. Une autre partie s’installe pour plusieurs mois sur une parcelle des Murs-à-Pêches rue Pierre-de-Montreuil, et s’en font expulser par la mairie le 1er septembre.

    Le 15 septembre, 14 familles montent un campement sur un terrain, rue de la Montagne-Pierreuse. Ce terrain, appartenant au Syndicat des eaux (intercommunal), doit, à terme, servir pour une aire d’accueil de gens du voyage.

    Il était libre pour de nombreux mois encore, compte tenu des retards du plan départemental. Ils s’apprêtaient à rendre ce campement durable (eau, électricité), mais ils ont été une nouvelle fois expulsés le 27 septembre, dans la plus totale illégalité.

    Ces familles habitent Montreuil depuis plus de 5 ans. N’ont-elles pas droit à un appui municipal pour mener un projet d’intégration ?

    Pendant ce temps, à des années lumières de Montreuil, à Bagnolet, le projet de construction de chalets adaptés pour un groupe semblable de Roms, provisoirement hébergés depuis deux ans dans un bâtiment communal, vient d’obtenir son financement du conseil régional.

    P.P.


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