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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2006 >  N° 84 octobre 2006

Ecrire au poivron

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        Edito

        L’homme énervé

        

    Sarkozy cogne encore

    Une fois de plus, Sarkozy désigne un bouc émissaire à la vindicte populaire - hier, le jeune, surtout s’il est étranger ; aujourd’hui le juge, surtout s’il prétend avoir des preuves avant de condamner - mettant ainsi gravement en cause la séparation des pouvoirs. Il y a quelques années, on n’aurait pas hésité à qualifier de factieux de tels propos.

    Une fois de plus, il crucifie par des propos dévastateurs et injustes des hommes et des femmes qui, jour après jour sur le terrain où il ne descend qu’accompagné des forces de l’ordre et entouré d’une nuée de micros, réparent les dégâts causés par ses propos irresponsables.

    Si on focalise sur la Seine-Saint-Denis, comment expliquer qu’un département qui concentre près du tiers de la pauvreté française ne soit pas une priorité de développement pour l’État. Et qu’il soit, au contraire l’un des départements où l’État est le moins présent en proportion de la charge de travail et du nombre d’habitants.

    Comment peut-on stigmatiser une justice qui comme d’autres acteurs sociaux - les travailleurs sociaux particulièrement - manquent cruellement de moyens pour faire un vrai travail de prévention. Les associations, auxquelles on délègue des missions de service public dans les quartiers, sont régulièrement au bord du dépôt de bilan. Les psychiatres et les pédopsychiatres tirent la sonnette d’alarme depuis des mois : il y a dix lits d’accueil pour adolescents en crise dans tout le département. Les centres de santé ferment. Les instituteurs sont en sous-effectif et à chaque rentrée, des remplaçants ou des néo-titulaires doivent faire le travail des professeurs plus expérimentés. Les transports en commun relèvent du parcours du combattant. L’expérimentation pour l’accès à l’emploi est aux abonnés absents.

    Même la préfecture est sur la corde raide en termes de moyens. Alors que la majorité de la population de Seine-Saint-Denis est étrangère ou d’origine étrangère, les services d’accueil des étrangers ne sont pas en mesure d’assurer un accueil décent qui faciliterait l’intégration et le vivre ensemble.

    La police de proximité a été remplacée par des cars de CRS qui instaurent un climat d’insécurité artificielle.

    Toute la chaîne de la présence de l’État est brisée. Alors oui, tout ça est explosif et, dans ce contexte, incriminer le tribunal de Bobigny c’est vraiment tirer sur l’ambulance.

    Car la justice dans le 93 non seulement manque elle aussi de moyens, mais ne peut non plus fonctionner comme elle le souhaiterait en l’absence de la politique éducative et sociale qui doit l’entourer. Les magistrats de Bobigny - et particulièrement ceux de la justice pour enfants - ont bien du courage de continuer d’essayer de faire leur travail dans ces conditions.


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