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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2005 >  N° 71 Mai 2005

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        La chronique de Patrick Piro

        Solidaire-daire-daire

        Paraît que le travail, en plus de la santé, c’est aussi la solidarité...

    Vous faites quoi, vous, lundi 16 ? De Pentecôte ? Votre patron vous a proposé de travailler « gratuitement », pour la France, la solidarité avec les personnes âgées ? Il y aurait 2 milliards à la clef, mazette ! D’un autre côté, il est pas folichon, le mois de mai 2005, avec ses 1er et 8 qui tombent un dimanche. Si jamais il fait beau, ça sent d’ici sa séance de rattrapage, son ouiquende prolongé de consolation. Z’êtes pas un peu en train de culpabiliser, non, prêt à faire aussi peu de cas d’une idée grandiose ?

    Je ne parle pas de faire du chagrin à Raffarin, nombre de lecteurs du Poivron (tous) seraient prêt à y consacrer les 364 autres jours de l’année. Mais Tati Madeleine, tout de même ? Elle est rayonnante de reconnaissance par anticipation, en pleine page couleur des pubs payées par le gouvernement pour vendre son idée, frétillante à l’idée du grand mouvement de solidarité qui se prépare rien que pour elle le 16 mai - à elle le grisbi ! Les larmes de Tati Madeleine, tout de même, sans cœur, va ! Ils sont capables de nous les afficher le 17 mai.

    Je réapprends « par la presse », je l’avais oublié, ou j’étais pas encore assez vieux à l’époque, qu’un gouvernement de droite nous l’a déjà fait, le coup de la cotise obligatoire pour les grands-parents, avec la vignette automobile : un an de bagnole, c’est du carburant pour les retraités. La belle entourloupe : le flouze partait dans les caisses sans étiquettes de l’État, pour financer quelques programmes sociaux et beaucoup de turpitudes. Et c’était « provisoire », bien sûr. Deux ou trois décennies, c’est du temporaire qui laisse le temps de se retourner. Mais là, fini, promis-juré, on ne la refera plus : il y a une caisse spécialement conçue pour ça, une nouvelle branche de la sécu, ça sera surveillé.

    Tant mieux. Ce qui m’énerve, au fond, c’est le vulgaire de l’affaire. La solidarité, c’est du fric. Pour mettre la clim’ dans des maisons de retraite orientée plein sud, payer des machins de surveillance à distance, que sais-je. Gérer au mieux une population en augmentation, nous ne le saurons que bien suffisamment tôt, les vieux nous emmerdent déjà suffisamment avec leur retraite.

    Et puis, en contrebande, on nous refile en prime la morale de l’histoire : le travail, en plus d’être une valeur morale au-dessus de tout soupçon, ça sert aussi à la solidarité quand on augmente sa durée ! Les 35 heures, tentative de solidarité avec les sans-travail par l’abaissement du temps de travail, c’est zéro pointé, de l’écolo-socialo-coco anti-France. Serions-nous paresseux ?, explorent les hebdos. La croissance est menacée, à vos postes informatiques ! 11 septembre 2001 : ménages, surtout, n’arrêtez pas de consommer, en solidarité avec l’économie hébétée.

    France, ta flemme fout le camp, ressaisis-toi. Lundi 16, garde-toi du temps pour essayer de lire le Traité constitutionnel, il t’en restera beaucoup pour être solidaire. En emmenant Tati Madeleine et sa copine canoter sur les lacs du bois de Vincennes, par exemple.

    Patrick Piro


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