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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2003 >  N° 56 décembre 2003

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AGENDA / EN BREF:

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        L’eau, un service public à (re) construire

        La justice, les associations d’usagers, la Cour des Comptes, le Parlement et la presse le dénoncent depuis des années.Confié par les élus à des entreprises privées en situation de monopole, le service public de l’eau et de l’assainissement connaît de graves dérives.

    Les factures d’eau sont opaques et illisibles. Ces entreprises réalisent des bénéfices exhorbitants.

    3 sociétés se partagent ce marché lucratif : la CGE, la Lyonnaise des Eaux (Suez), et SAUR (Bouygues). La CGE réalise 30 milliards d’euros de chiffre d’affaires, et contrôle 40% du marché mondial solvable de l’eau. Elle gère l’eau de 8 500 communes françaises. Suez et la CGE ont 240 millions de clients dans 100 pays.

    L’exception française

    La "délégation de service public à la française" peut se résumer par la formule "les risques pour le public, les usagers et les contribuables, les profits pour le privé". Quand le service public de l’eau est confié à une entreprise privée, la facture est 30 ou 40% plus chère. Pourtant, de nombreuses communes choisissent la délégation au privé. Au-delà des phénomènes récurrents de corruption, cela permet à une commune "d’externaliser" les impôts locaux. Les usagers du service public le paient à une entreprise privée, et les impôts peuvent baisser d’autant. C’est tout bénéfice politique pour un maire... même si cela revient plus cher “ in fine ” au contribuable.

    Curieusement, le recours à la gestion privée de l’eau est bien mondre dans les pays les plus libéraux qu’en France. L’eau de 80% des usagers est gérée par le privé en France, contre 15% au Canada et aux Etats-Unis. On ne peut supposer que la peur des citoyens ou une idéologie collectiviste puissent expliquer le maintien de l’eau dans le giron public dans ces pays... les communes françaises qui pratiquent la régie municipale font la preuve qu’il n’y a pas d’obstacles techniques (la gestion privée est souvent justifiée par le manque de formation des techniciens municipaux). Le capitalisme français est connu pour être un capitalisme de rente, abusant des commandes de l’État. Les usagers sont considérés par la CGE et la Lyonnaise comme des vaches à lait dans la gestion de l’eau.

    L’eau est un bien et un droit trop précieux pour la laisser au marché. C’est un service public essentiel qui ne peut être guidé par les logiques du profit. Les décisions publiques doivent échapper à la corruption comme aux intérêts privés. Il est possible de reprendre l’eau en régie intercommunale. Des villes l’ont fait ces dernières années : Grenoble en est l’emblème après avoir mis fin au système Carignon. La communauté urbaine de Cherbourg vient de le faire le 30 juin 2003. En banlieue parisienne, la convention entre le Sedif et la CGE vient à échéance pendant la prochaine mandature municipale (2007-2013) : il n’est pas trop tard pour préparer le retour de l’eau francilienne dans le giron public.

    Les usagers et les élus doivent imposer la gestion publique d’un service vital.

    L’eau n’est pas une marchandise. ² Patrick Petitjean

    Elles facturent une part fixe ou des frais d’accès au service qui pénalisent les plus démunis et encouragent les gaspillages : plus on consomme, moins on paie !

    Elles prêtent la trésorerie des services d’eau à des établissements financiers : ces bénéfices ne figurent pas sur les rapports annuels destinés aux élus et aux usagers.

    Des milliards d’euros payés par l’usager, destinés à effectuer des travaux d’entretien et de renouvellement des réseaux, sont détournés de leur affectation.

    Ces entreprises facturent aux collectivités des frais de personnels injustifiés.

    Les compteurs d’eau facturés à l’usager sont amortis plusieurs fois...


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