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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2004 >  N° 62 juin 2004

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AGENDA / EN BREF:

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Site réalisé avec SPIP

        Un regard décalé

        Montreuil, sujet d’études

        Au cours de l’année universitaire 2004, des étudiants de l’École d’Architecture de Paris La Villette ont ébauché un pré-diagnostic portant sur la Ville de Montreuil, à l’occasion du lancement par la Ville de l’élaboration du PLU (Plan Local d’Urbanisme). Ils ont autorisé Le Poivron à se faire l’écho de cette autre manière de débattre du futur de Montreuil. Qu’ils en soient remerciés.

    Un premier résultat a été présenté le 25 mai aux associations rencontrées au cours du travail. Il a consisté à produire un état des lieux (démographie, habitat, déplacements et transports, territoires ...), puis à formuler plusieurs enjeux en matière de développement qualitatif du territoire communal. 5 sites caractérisant la diversité du tissu et des modes d’usage et d’occupation, ont été retenus comme études de cas pour de possibles valorisations dans les 15 années à venir.

    Éléments de diagnostic

    Montreuil comme tout territoire limitrophe de Paris, en près de 150 ans, est passé de village à banlieue. L’importance dévolue à la capitale (de la Royauté à la République) en matière d’organisation et de gestion des territoires périphériques ne pouvait conduire au développement autonome de ceux-ci.

    L’économie horticole villageoise s’est développée dans le cadre du grand marché que constituait la capitale pour les pêches. L’implantation, dans la deuxième moitié du 19e siècle, d’une industrie dans le Bas Montreuil est aussi une conséquence d’une politique inaugurée sous le préfet Haussmann visant à repousser les entreprises nuisantes servies par un prolétariat rebelle. Au 20e siècle, l’État républicain va fixer unilatéralement les tracés et la nature des grandes infrastructures de transport et déplacement, imposer les grandes et moyennes opérations le logement social. Aujourd’hui encore la poussée des bureaux sur les secteurs proches du boulevard périphérique est un effet palliatif du marché immobilier contraint par la nouvelle gestion des sols engagée par la Ville de Paris.

    Montreuil est-elle une ville ?

    Cette dépendance à conduit à ce que ce territoire se compose aujourd’hui d’éléments juxtaposés. Est-ce suffisant pour déclarer disposer d’une ville, alors que l’on constate par ailleurs qu’une part importante de ses habitants se rend pour travailler, consommer sur les communes limitrophes (Rosny, Fontenay, Bagnolet, Paris ...) ? Un système urbain qui résulte de décisions externes, ne dispose pas des forces d’attraction et de cohésion nécessaires pour fonder et développer " la ville " .

    Ne faut-il pas comprendre le refus montreuillois de participer à la construction avec ses voisins d’une réelle intercommunalité (objectifs et moyens en commun), comme la volonté de nourrir l’illusion d’autonomie (la ville) qui permet de lancer les grands projets d’un pouvoir communal à la recherche d’une image durable ?

    L’opportunité de construire un territoire, qui ait un sens urbain dans un morceau plus large de banlieue, qui apporte en qualité ce que ne donne pas Paris, n’est pas saisie ?

    Trois enjeux

    Sur la base de ces constats et d’autres encore, le groupe d’étudiants à cherché à réunir des données (statistiques, cartographiques, physiques), à en faire l’analyse et à énoncer sur ces bases trois principaux enjeux pour le futur :

    -  Préserver la diversité d’usage et d’occupation du territoire communal en tant que forme d’expression plurielle des populations et développer les outils de cohésion sociale.

    -  Développer la qualité urbaine par la mise en œuvre du concept de " Développement Durable " (valorisation de l’environnement, équité sociale, efficacité économique et accès à la formation-emploi)

    -  Former une entité urbaine avec les communes environnantes en développant des réseaux (intra- comme inter-communaux) d’initiatives (emploi, formation, culture, loisirs, sports ...) s’appuyant sur la très grande diversité des populations (usagers et résidents du territoire).

    Cinq micro-territoires

    Ces enjeux expriment la sensibilité d’un groupe "d’explorateurs" qui n’ont aucune prétention à imposer leurs vues, mais seulement pour idée d’alimenter le débat entre la société civile et les institutions. Le travail ne s’est pas terminé là, il fallait simuler l’application de ces objectifs de développement sur des territoires significatifs de cette complexité montreuilloise pour en saisir les effets (impacts sociaux, spatiaux, économiques ...). Le choix s’est porté sur cinq sites :

    -  Un secteur pavillonnaire associé à des micro activités économiques (artisans et PME) situé sur Villiers Barbusse.

    -  Une cité de logement social, le Bel Air

    -  Un îlot tampon entre la Mairie et le pôle de la Croix de Chavaux, l’îlot 104.

    -  Un secteur du Bas Montreuil , entre la place de la République et la rue de Paris.

    -  Un territoire en suspens, entre Mozinor et Grands Pêchers.

    Revue de détail

    Le Bas Montreuil ... Une Place, un Faubourg.

    Une rue de Paris où les trottoirs ne sont pas assez grands pour contenir la foule à certaines heures, certains jours. En retrait une des rares places de Montreuil où se croisent les réparateurs auto, les élèves des écoles, les accros du bio, la clientèle du marché, les demandeurs de boulots précaires, les immigrés du foyer, les amoureux des bistrots. Entre les deux sites, des automobiles partout, du bitume partout.

    Comment réunir et valoriser à la fois la rue de Paris et la place de la République ? Enlever le bitume, planter les immeubles, les cours, les rues, donner la priorité aux déplacements en transports en commun (déjà en place), en vélo, à pieds ... Penser la place comme espace d’initiative sociale, culturelle et marchande en substitution du "rond point" actuel et l’organiser pour recevoir des manifestations de plein air ...

    L’Îlot Centre (104)

    Quand deux pôles coexistent (Place de la Mairie/ Croix de Chavaux) sur des fonctions complémentaires (commerces, services, administrations équipements culturels) et attendent une réunion possible grâce à la présence d’un îlot disponible pour une jonction, comment lancer une opération de privatisation des sols et de densification anarchique pour ruiner une telle opportunité ? La question posée relève de l’examen des projets en cours de réalisation sur l’Îlot 104, entre le centre Résistance et la rue Victor Hugo.

    Un parc, propriété publique, existait (propriété communale). Il pouvait être développé pour mieux installer la nature en ville (contribuer à la lutte contre l’effet de serre, participer à la régulation du climat urbain en particulier en été), utiliser la ressource eau de pluie, assurer une liaison de qualité entre deux pôles d’activités, tout en recevant au pourtour des constructions à haute valeur environnementale !

    Il n’y aura que des parkings de surface, des immeubles en peigne se faisant mutuellement ombre et l’obligation de relier les deux pôles par les rues bruyantes, polluantes mais vivantes pour ne pas traverser les copropriétés.

    Le Bel Air

    Ce territoire comporte essentiellement des logements sociaux. Une partie bénéficie d’une "opération de renouvellement urbain" au titre de l’OPHLM : 200 des 557 logements vont être détruits. Curieusement, de l’autre côté de la rue, 206 logements qui appartiennent au 2e bailleur social de la ville, la Montreuilloise, ne sont pas concernés par cette opération. Seuls des crédits d‘études les concernant ont été demandés. Les étudiants ont remarqué que, dans le choix des bâtiments à détruire, une impasse totale avait été faite sur les critères bioclimatiques (orientation des immeubles).

    Ce quartier est situé entre le Parc des Beaumonts et la zone classée des Murs-à-Pêches, entre le centre ancien (la mairie) et un futur centre (la jonction de la ligne 9 et du tram), entre l’IUT et le lycée horticole : il occupe donc une position privilégiée dans le cadre d’une ville "réseau". C’est un quartier encore très végétal, avec des espaces extérieurs de grande qualité. Il bénéficie de la présence de plusieurs mares, dont la Mare-à-l’âne. Il a donc plein d’atouts pour s’inscrire dans le développement durable, s’appuyant aussi sur le lycée horticole. Avec une population très diversifiée, cela permettrait de développer des jardins partagés, des espaces de rencontres en pied d‘immeubles, des lieux d’échanges, des microcentralités...

    L’enjeu est de mettre ce territoire en mouvement, de le rendre attractif et original, pour ne pas subir la pression des modes de vie des nouvelles populations qui viendront avec l’arrivée du tram et les aménagements qui l’accompagnent.

    Le Reporter du Poivron


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