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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2005 >  N° 67 Janvier 2005

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AGENDA / EN BREF:

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        Questions sur le programme PADDY

        Faudrait-il soutenir la riziculture au Mali ?

        Les images tragiques de situations de famine au Sahel ne sont plus d’actualité depuis des années. Le « Sahel se nourrit lui-même » affirme « Alternatives Internationales » dans son numéro de janvier 2005.

    En effet, malgré l’invasion de criquets le CLISS (Comité permanent de Lutte Interétats contre la sécheresse au Sahel) prévoit en 2004/2005 au Mali une augmentation de la production céréalière de plus de 9 %, par rapport à la moyenne des 5 dernières années. La production locale permet une relative autosuffisance au niveau national (+ 90%). Il espère que ce pays, riche en eau (fleuves Niger et Sénégal), en terres irrigables (dont seulement 10% exploitées) deviendra le « grenier à Riz du Sahel » en 2010 avec 4,5 millions de tonnes de paddy (nom du riz brut avant transformation) (source : Grain de sel n°25, décembre 2003)

    Un projet montreuillois

    Et pourtant la ville de Montreuil s’active depuis 2000 pour développer la culture du riz dans la région de Yélémané, (à l’ouest de la région de Kayes, au nord du Mali) avec une coopération tripartite « Montreuil - Mali - Vietnam » appelé le PADDY (quelle coïncidence !) le Projet d’Appui au Développement Durable de la région de Yélémané. Excès de zèle ? Pas sûr ! Les analyses optimistes cachent les réalités locales. Une des raisons principales pour soutenir un projet de développement de riziculture au Mali est la lutte contre les importations. De même que pour le poulet (voir la campagne en cours de "Agir Ici") la commercialisation du riz local souffre d’importations de riz de mauvaise qualité et moins cher. En décembre 2004 les producteurs de riz de l’Union Economique et Monétaire d’Afrique de l’Ouest (UEMOA) ont alerté leurs dirigeants sur les conséquences de ces importations de riz pour l’économie locale, ils ont bien conclu l’année 2004, déclarée « année internationale du riz » par la FAO !!.

    Deux questions restent en suspend sur ce projet montreuillois : La filière riz tient une place importante dans l’économie malienne (4% du PIB). Pourquoi aller chercher des savoirs faire au Viet-Nam ? On entend bien que tout le monde est partant au niveau local, national et international, mais finalement qui va payer quoi ?

    Quelle implication des habitants ?

    Qu’en pensent les ressortissants de la région résidant en France ? Bouba Touré, originaire de Kayes (Mali) nous livre ses pensées :

    « A présent, il est nécessaire qu’on donne, de temps en temps, nos points de vue sur tout ce décide en notre nom. Même si c’est pour notre bien. Oui, nous souhaitons vivement que cette dépendance alimentaire finisse...Mais pour mettre fin à cette misère qui frappe nos régions du Sahel, nous devons ouvrir nos yeux face à certaines réalités dont l’exode de nos jeunes vers l’Europe ou les villes. Rien ne peut se faire sur place si nous n’avons pas de jeunes valides et courageux pour la main-d’œuvre. On peut avoir des millions, voire des milliards, aucun projet ne sera concrétisé. D’abord, trouvons la solution des bras sur place ! Car, aucun pays ne peut se développer avec seulement des mandats. C’est maintenant qu’on se rend compte de cela.

    Pour que le programme PADDY soit réalisé, il faudrait que les ressortissants de cette zone du Sahel aient une détermination sans faille. Soyons lucides, ce ne sont pas des bailleurs de fond qui peuvent résoudre nos problèmes. Nous-mêmes, nous sommes seuls responsables de nos difficultés actuelles. Nos pays ont trop compté sur les aides extérieures.

    PADDY peut marcher et doit marcher non grâce à ce que les autres apportent, mais à l’organisation des ressortissants de cette région du Mali. Leur détermination et leur engagement feront tout. Bon courage à eux et à tous ceux qui se soucient de comment trouver des solutions aux problèmes posés dans divers domaine de notre vie, ici et au pays ».

    Claire Nicolas

    Éléphant blanc

    C’est une curieuse initiative que le programme Paddy. Elle est de nature très différente de la coopération décentralisée développée par le passé par Montreuil. Cela vient du haut, des gouvernements et d’une agence de l’ONU, la FAO (alimentation et agriculture) connue pour ses pratiques productivistes et ses éléphants blancs. Que vient faire une commune là-dedans ? Quelle place est laissée aux agriculteurs maliens, les premiers concernés ?

    Le maire en fait une initiative emblématique (c’est sur sa carte de voeux). Il montre un volontarisme à la mesure du faible enthousiasme réel de ses partenaires, qui, de toute évidence, traînent les pieds derrière les propos lénifiants. La Pravda municipale se plaint déjà (5 janvier) de la difficulté à rendre effectifs les financements, et appelle à “accélérer le rythme”... Et le maire de s’inviter chez le ministre pour faire pression...

    P.P.


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