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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2006 >  N° 82 juin 2006

Ecrire au poivron

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AGENDA / EN BREF:

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        Etre sans papiers dans la france de Sarkozy

        Condamnés à la clandestinité

        Le Poivron a rencontré deux membres du collectif des sans papiers de Montreuil. Ils nous parlent de leur combat pour la régularisation et de la nouvelle loi Sarkozy.

    Diabe : Quand nous avons eu connaissance du projet Sarkozy pour la loi CESEDA -le projet d’immigration jetable- le collectif de soutien aux sans-papiers de Montreuil et les sans-papiers se sont mobilisés. On a demandé à un avocat du Gisti pour bien comprendre la loi. Ensuite on a expliqué dans les foyers le projet de loi mais aussi la circulaire du 21 février 2006, qui incite à l’interpellation et à l’arrestation des sans-papiers en tous lieux, y compris dans les blocs opératoires. Cette circulaire qui légalise les rafles provoque un sentiment de peur chez les travailleurs immigrés. C’est aussi pourquoi beaucoup se sont sentis concernés, dans les foyers et aussi hors des foyers où vivent la majorité des sans-papiers.

    Il y a beaucoup de nouveaux adhérents au collectif montreuillois - nous sommes environ 180, et beaucoup de monde à nos permanences juridiques, dont beaucoup de femmes, qui viennent moins facilement aux réunions du collectif.

    23 mai. Comme chaque jour, des centaines d’étrangers font la queue (à gauche et à droite de la photo), parfois depuis la veille, qu’il fasse chaud ou qu’il gèle, pour accéder aux différents services du "centre d’accueil" de la Préfecture de Bobigny. Tous ne parviendront pas à y accéder et devront revenir. Tous les problèmes de papiers, de visa, de séjour dépendent de ce centre. Le Conseil général, avec notamment les Verts et le PC, ont organisé le 23 mai une action de dénonciation de ces conditions d’accueil particulièrement inhospitalières, avec une distribution de café.

    Poivron : la mobilisation est plus large que d’habitude...

    Diabe  : Oui, le collectif montreuillois contre une immigration jetable a réuni en plus les organisations syndicales, politiques, les associations de la ville. C’est très positif parce que cela élargi les protestations contre cette loi. Et cela a permis des diffusions massives de tracts et d’information sur la ville, pour toucher les sans-papiers et la population. On a pu faire le 22 mars une animation au centre ville qui a été bien accueillie. Nous étions nombreux aux manifestations parisiennes des 29 avril et 13 mai.

    Kebe : Pour l’occupation du SSAE en mars, près du métro Tolbiac, il y avait beaucoup de sans-papiers de Montreuil. Même la nuit.

    Poivron  : Quelles sont les conséquences pour vous de ce projet de loi CESEDA ?

    Diabe : Concrètement : on a sa vie ici, c’est difficile de rentrer et s’intégrer au pays. Et si on rentre, on sait qu’on aura plus la possibilité de revenir un jour. Ou alors il faudra attendre 4 ou 5 ans. On est condamnés à la clandestinité.

    Kebe  : La régularisation va dépendre du travail, donc des patrons. Déjà aujourd’hui, on n’est pas respectés dans le travail, et on est sous payés, souvent au noir. La loi va augmenter la précarisation des travailleurs immigrés.

    Ils disent « Immigration choisie », pour enlever à l’Afrique tous ses intellectuels ! C’est du pillage comme à la période de l’esclavage.

    Poivron  : et pour le logement ?

    Diabe : Normalement avec la carte de résident on peut être hébergé dans les foyers. Il n’y a pas assez d’autres logements pour nous. Et pour le regroupement familial il faudra disposer d’une taille de logement importante. Tu connais les prix des loyers, et nous on a des bas salaires, on en garde 1/3, on envoie les 2/3 au pays...

    Kebe : Qui reviennent ici pour payer la dette.

    Diabe : ...avec ce qui reste on ne pourra pas payer le logement. Fini le regroupement familial. Les « sans-papiers » resteront sans papiers.

    Poivron : Quelle va être la suite de la mobilisation ?

    Diabé : D’abord on parle de loi Sarkozy, mais c’est une loi de tout le gouvernement. Et les gouvernements européens n’y sont pas opposés. En Espagne, il y a une régularisation massive, mais elle est liée au travail et n’a rien réglé.

    La suite dépendra de la mobilisation de tous : par exemple les syndicats participent au collectif national contre l’immigration jetable, mais ici à Montreuil, en général ils ne sont pas assez présents. Comme pour le CPE, on attaque d’abord les travailleurs immigrés et ensuite on cherchera à précariser les autres travailleurs.

    Il faut que la manifestation nationale du 1er juillet à Paris contre l’immigration jetable soit bien préparée et bien réussie !

    Propos recueillis par CR

    Le nouveau site du collectif montreuillois de soutien aux sans-papiers : http://cspmontreuil.1et0.org/

    Manifestation le 1er juillet

    La loi Sarkozy a été adoptée par l’Assemblée nationale, et est maintenant en discussion au Sénat jusque mi-juin. La mobilisation contre cette loi, coordonnée par le collectif "uni-e-s contre l’immigration jetable" (CUCIJ) continue donc. Le 6 juin, un rassemblement a eu lieu devant le Sénat. Le samedi 10 juin, le CUCIJ soutient une manifestation nationale des sans-papiers (14h, place Clichy, Paris). Le dimanche 11 juin, à partir de 11h, pelouse de Reuilly (Paris 12e), le CUCIJ organise un pique-nique protestataire et festif contre la loi Sarkozy. Le CUCIJ participe également aux mobilisations de soutien aux enfants sans papiers menacés d’expulsion après le 30 juin (voir pages 2 et 16).

    Enfin, le CUCIJ organise, le 1er juillet, à la veille des vacances, une manifestation nationale.


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