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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2006 >  N° 80 Avril 2006

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        "Dans les démocraties, chaque génération est un peuple nouveau"

        J. Jaurès et E. Cotton versus CPE

        Un mois que les lycées Jean Jaurès et Eugénie Cotton à Montreuil sont en grève, trois semaines de blocage par intermittence dans ces bahuts mais aussi au lycée Condorcet. Rencontre avec des animatrices du mouvement.

    Depuis quelques semaines, l’actualité met à l’honneur la mobilisation des lycéens et des étudiants face au CPE. Malheureusement le traitement accordé à cette mobilisation a été jusqu’à présent sommaire. Les journalistes conjugueraient-ils le "On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans" ? Ou seraient-ils victimes pour certains du "Péril jeune" ?

    Afin de sortir du : "blocage, pas blocage ? Violence pas violence ?", chère(e)s lectrices et lecteurs du Poivron, nous avons décidé de mener l’enquête aux lycées Eugénie Coton et Jean Jaurès, afin d’interroger celles qui s’impliquent activement dans ce mouvement depuis le début, Maud et Elsa. Avec elles, nous avons tenté d’analyser cette mobilisation.

    Le Poivron : Qu’est-ce qui motive, selon vous, le rejet du CPE chez les lycéens ?

    Elsa : Le CPE est le symptôme d’une société qu’ils rejettent. La précarité, pour la plupart des lycéens, ils connaissent. 1/3 des lycéens en Seine Saint Denis sont salariés.

    Maud : Il n’y a pas débat politique à proprement parler mais il y a une conscience qu’il n’y a pas que le CPE. A Eugénie Cotton, les lycéens ont basculé dans la mobilisation depuis la loi Fillon.

    Le Poivron : Comment êtes-vous organisés ?

    Maud : Nous avons créé le MLEC, Mouvement Lycéen Eugénie Cotton, avec un blog, www.mlec.skyblog.fr, ouvert à toutes et tous et à partir duquel nous échangeons nos réactions, nos idées sur la suite à donner au mouvement. Mais il est vrai que l’organisation du mouvement et des actions repose essentiellement sur un noyau de gens motivés. Parfois les blocages sont décidés à 21h pour le lendemain.

    Elsa : A Jean-Jaurès, il y a une AG tous les jours, avec ou sans les profs. Les jours de blocage, nous nous réunissons à la mairie avec les autres lycées de Montreuil. Mais il n’y a pas pour le moment de structure qui coordonne et organise nos actions. La motivation est grande, nous sommes parfois jusqu’à 300 en AG. Tôt ou tard, il nous faudra nous organiser plus formellement dans l’intérêt de cette parole qui se libère et pour ne pas laisser cette mobilisation sans précédent s’évaporer.

    Le Poivron : Quels sont les oppositions, les blocages, les incompréhensions... que vous avez rencontrés au sein du lycée ou du mouvement ?

    Elsa : Mme Amiel, directrice de l’établissement a appelé la police au début de la mobilisation mais depuis elle accompagne le mouvement, à moins que le recteur ne lui demande de débloquer le lycée. Les professeurs jouent le jeu, Nous leur avons demandé de distribuer des polycopiés des cours. Nous pouvons leur poser des questions sur le net via notre liste de diffusion, d’autres font cours au café. Nous laissons passer les élèves qui ont des concours blancs et les collégiens. Les Terminales ES ont diffusé un tract contre le blocage mais pour le retrait du CPE. De même, les Terminales STT, qui doivent avoir leur bac cette année pour cause de suppression de leur filière, râlent contre le blocage en AG. Tout le monde s’exprime, même ceux qui ont commis des violences en manif, le débat est ouvert, nous avons conscience de ce qui peut nuire à notre mouvement.

    Maud : La directrice ne se prononce pas, elle n’est ni contre le mouvement ni pour. Elle nous a quand même prêté une salle pour stocker le matériel. Mais le principal problème à Eugénie Cotton, c’est la mobilisation. Il est difficile pour nous de se réunir en AG ou de tenir des réunions régulières car les lycéens viennent de tout le département et mettent parfois deux heures pour se rendre au lycée. Par exemple, nous avions organisé une AG pour voter le blocage du lycée et le lendemain, il n’y avait personne. De plus, dans ce lycée, il y a des filières professionnelles, artistiques et générales et toutes ne sont pas mobilisées, en particulier les filières professionnelles (CAP, BEP...) et les BTS aussi, alors qu’ils sont directement concernés par cette loi. J’ai essayé de parler avec eux, et ils m’ont gueulé dessus, en m’expliquant que cette loi elle venait entériner quelque chose qui existait déjà. Si le patron veut plus de toi, ben il te vire.

    Propos recueillis par Cendrine Peraleset Claire Loupiac


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