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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2006 >  N° 79 mars 2006

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        L’Afghanistan depuis mes pieds

        

    En août 2005, Mickaël Asser, responsable d’univers montagne au Décathlon de la Porte de Montreuil, a entrepris de rejoindre la vallée des bouddhas de Bamyan en Afghanistan en courant. Cette vallée est devenue tristement célèbre en mars 2001 en raison de la destruction par les Talibans de ses bouddhas géants, situés sur la route de la soie et construits entre le IIe et le Ve siècle.

    Il n’en fallait pas plus pour que cette singulière aventure intrigue le Poivron, complètement dépaysé. Retour sur ce voyage avec le principal intéressé, dont les propos ont été recueillis par Cendrine Perales.


    Le Poivron : La première question que nous souhaitions vous poser, Mickaël, semble banale mais pourtant.... Pourquoi avoir choisi d’effectuer ce périple ?

    Mickaël Asser : Les raisons sont multiples. L’inconnu, le danger et l’aventure en sont les principales raisons. En France aujourd’hui, courir des risques semble totalement insensé. En ce qui me concerne, cela ne me ressemble pas.

    J’aime la géographie. Découvrir de nouveaux territoires en courant et en rencontrant des gens est la façon de voyager qui me correspond le plus. Et puis le pays où je me rendais me semblait significatif

    LP : Comment s’est passée l’aventure ?

    Mickaël : Je suis parti le 13 août dernier, sur un vol en direction de Kaboul via Dubaï. J’ai réussi à obtenir mon visa par l’Ambassade de Belgique, car en France, il aurait fallu que j’obtienne le soutien d’une ONG afin d’obtenir mon visa. Une fois sur place, j’ai déposé mes billets d’avion et mes papiers à l’Ambassade de France et je suis parti. J’avais planifié une course de 200 km. Mon retour pour la France était prévu le 27 août, c’était la seule chose dont j’étais sûr. J’ai appris quelques mots de persan avant de partir, mais j’ai trouvé de nombreux interlocuteurs qui parlaient anglais. J’ai dormi chez l’habitant, parfois même dans des postes de police sur invitation des policiers eux-mêmes. J’ai même rencontré des « touristes » : 2 Américains, 1 Anglaise seule et 9 Français, un groupe en fait de 2 guides et 6 dames âgées de 70 ans qui traversaient l’Afghanistan... Quelle pêche !

    LP : Comment s ‘est passé le contact avec les Afghans ? Comment est le pays depuis l’intervention américaine ?

    Mickaël : Les Afghans sont des gens très simples et très accueillants. Evidemment, ma démarche leur semblait totalement étrange et décalée. Nous ne fonctionnions pas du tout sur le même rythme, moi en T-Shirt à manches longues orange qui court et les Afghans en costume traditionnel qui boivent le thé, cela constitue certes un décalage. Presque personne ne m’a parlé de religion, la première question qu’ils me posaient en général était pour savoir si j’étais marié. Pour eux, on est soit marié soit célibataire mais l’entre-deux n’existe pas. J’ai pu parler avec deux femmes sur place, une Afghane et une Iranienne, institutrice, mais le contact avec les femmes est assez limité. Dans les campagnes, les femmes en général portent la burka et refusent de se laisser prendre en photo. A Kaboul, toutes les femmes ne portent pas la burka, sauf les mendiantes dont le nombre élevé m’a frappé. Evidemment, j’ai rencontré beaucoup de militaires américains, peu sympathiques. Je me souviens de cet Afghan, étudiant en médecine qui m’a confié que son meilleur ami était Bernard Henri-Levy.

    LP : Avez-vous prévu d’autres voyages de ce type ?

    Mickaël : Je m’envole pour le Népal la semaine prochaine, direction la vallée où vivent les sherpas et qui a inspiré Tintin au Tibet, toujours en courant. Je suis fan de Tintin, c’est peut-être ça qui me pousse à effectuer de tels voyages, ou mes parents qui m’ont donné le goût du voyage. J’envisage également de partir en Tchétchénie en août avec une ONG.


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