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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2006 >  N° 79 mars 2006

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        La démocratie locale, elle va comment ? (I/4)

        Etre citoyen ? Dur !

        Les cinquièmes assises de la citoyenneté ont eu lieu le 25 février. L’occasion de faire le point sur l’état des lieux de la citoyenneté. Les discussions ont été riches, mais sont, hélas, restées entre initiés. Avec ce bilan du cru 2006, Le Poivron entame une série de 4 articles sur la démocratie locale à Montreuil.

    Après un accueil en musique sur le parvis de la mairie, l’après-midi était construite autour des six projets définis lors de la préparation : "l’égalité hommes femmes", théâtre d’intervention et débat proposé par l’association "Des Ailes pour Elles" ; un "café des âges", à l’initiative de la Maison des Femmes ; "les discriminations à l’emploi", à l’initiative de la Mission emploi ; "être citoyen", sujet de réflexion du conseil du quartier Bel-Air et Grands Pêchers ; l’état de la démocratie participative, sujet d’une réunion préparatoire du CCVL ; et "le rôle d’un conseil de quartier dans la solidarité avec les mal-logés", thème qui avait fait l’objet de pré-assises dans le bas Montreuil (voir Le Poivron de février).

    Les trois premiers projets ont directement été présentés le samedi après-midi ; les trois autres ont donné lieu à des débats préparatoires dont le compte rendu a été intégré au débat général "La participation citoyenne dans notre ville, pourquoi et comment la développer" qui a clôturé pendant 2 heures les assises.

    Un objectif non atteint

    L’objectif du cru 2006 était de faire participer d’autres personnes que les habitués, en particulier à travers des pré-assises. Seuls 2 des 10 conseils se sont risqués, l’un à de vraies pré-assises (avec une participation nouvelle), l’autre à une réunion préparatoire. C’est peu. Les conseils de quartier ne se sont pas approprié la démarche. Autour de 200 personnes ont participé aux séances de la mairie, comme lors de l’édition précédente. L’élargissement recherché n’a globalement pas eu lieu, ce qui n’est pas une surprise vu les difficultés de la préparation. L’intérêt nouveau des assises 2006 réside dans la diversité des modalités, plus ouvertes et conviviales que les ateliers traditionnels des précédentes éditions ; dans l’implication d’associations ; et dans un débat final où la parole a vraiment circulé. Le progrès est net.

    Participation ?

    Des membres de la plupart des conseils de quartier se sont exprimés, à titre personnel, dans la discussion, révélant des expériences multiples, dont la cohérence n’est pas évidente. L’un fait office de "bureaux des plaintes" de la part des habitants, pour des problèmes de voisinage ou des problèmes avec la mairie ; d’autres jouent le rôle de "comités des fêtes" ; un autre se préoccupe surtout des "nuisances" ; un autre encore, après avoir mobilisé des centaines de personnes pour élaborer un projet de quartier, rencontre des difficultés, la majorité de ses animateurs s’occupant de gérer la maison de quartier et le comité des fêtes ; un autre enfin est plus dans le militantisme de terrain, en médiation entre les habitants et la ville.

    Sous diverses formes, tous jouent un rôle dans "la production de lien social" (comme disent les techniciens du social), et remplacent les formes associatives traditionnelles des villes de gauche, en crise. Mais quel est l’espace qui leur est laissé pour "changer leur environnement quotidien" ? réussissent-ils à "redonner le goût de la politique" aux habitants qui se sentent délaissés ? Que reste-t-il de l’utopie d’une participation aux décisions municipales ? C’est la question même posée lors du débat par un membre du CCVL, souhaitant que les citoyens s’emparent du budget et des politiques municipales à travers les conseils de quartier. On semble en effet en être plus loin que jamais.

    Le dispositif participatif à Montreuil

    Le premier conseil de quartier est apparu à Montreuil au début des années 1990, à l’initiative d’habitants du bas Montreuil confrontés à des ZAC démesurées. Les conseils ont été généralisés à partir de 1995, avec des fortunes diverses, des hauts et des bas, des réalités toujours multiformes. Ils sont souvent guettés par un double découragement : vis-à-vis de la faible participation des habitants, et vis-à-vis des difficultés à faire bouger la ville (services et élus).

    Actuellement, 10 conseils sont actifs, sous diverses formes dans les 14 quartiers découpés par la municipalité en 2001. Un 11e doit (re)voir le jour ce mois-ci à La Boissière. Ces conseils de quartiers sont coordonnés dans un Conseil consultatif de la vie locale (CCVL), où les élus sont représentés en tant que tels, mais seulement ceux de la majorité, ce qui est assez curieux comme conception de la citoyenneté.

    Ce dispositif est complété par plusieurs autres conseils thématiques : l’environnement (depuis 1994), les résidents étrangers (2000), la prévention de la délinquance, la vie associative. Des dispositifs "participatifs" existent aussi dans les écoles ou le logement social. Tout n’est pas de même nature dans ce dispositif, mais l’ensemble est à prendre en compte.

    Prenant acte de ce que la citoyenneté ne se réduit pas aux conseils de quartiers, les assises 2006 ont cherché à davantage impliquer des associations et des groupes d’habitants, aux côtés des conseils. Une nouveauté bienvenue.

    Patrick Petitjean


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