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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2005 >  N° 69 Mars 2005

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AGENDA / EN BREF:

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        PETITE ENFANCE A MONTREUIL

        TURBUL

        En découvrant cette grosse maison, la cour et son vieux marronnier, au 39 rue François Arago, l’équipe qui animait un petit jardin d’enfants à Vincennes, n’a pas pu résister. Ce lieu était fait pour Turbul. C’était en 1986, l’Apeem (Association pour expérience éducative Montessori) décidait d’installer sa Maison des enfants à Montreuil. Presque vingt ans après, elle y est toujours...

    Les débuts n’ont pas été faciles. Faute de subventions suffisantes et ne pouvant compter que sur le financement des parents, Turbul a connu quelques années de "vaches maigres". Heureusement, l’agrément de la PMI pour l’accueil des enfants de 2 à 3 ans, les financements de la CAF et les subventions de la municipalité dans le cadre du contrat "petite enfance" passé avec la CAF et largement subventionné par cette dernière, ont donné un peu d’air à la structure. Mais c’est toujours grâce à l’apport des parents des 3-6 ans que le projet reste économiquement viable.

    Aujourd’hui, l’Apeem regroupe des parents, les éducateurs, des sympathisants et les fondatrices du lieu, garantissant ainsi la continuité d’une expérience éducative particulièrement originale.

    L’accueil des enfants

    La Maison des Enfants Turbul accueille 60 enfants âgés de 2 à 6 ans, répartis en quatre groupes dont l’un est composé des seuls enfants de 2-3 ans. Depuis peu, elle a mis en place, à titre expérimental, un système de multi accueil pour les petits, incluant deux places en halte-garderie, à mi-temps. Le premier enfant est arrivé en octobre 2004, et il est envisagé de créer des places passerelles de septembre à décembre 2005 afin de préparer la rentrée scolaire dans les écoles maternelles du quartier, dès janvier 2006.

    De plus, deux places sur les seize que compte le groupe des 2-3 ans, sont réservées à l’accueil d’urgence, ceci en accord avec la PMI, ce qui a permis d’accueillir une des familles très pénalisées par la fermeture de la halte "les Jardinz’animés".

    Les subventions versées à l’Apeem permettent d’accueillir des familles d’origines très diverses et favorisent ainsi le mélange social. Un travail particulier avec la PMI Voltaire a permis de recevoir des enfants d’origines ethniques différentes, de manière temporaire ou permanente. La présence des plus grands enfants reste essentiellement un choix des parents (dont de nombreux intermittents du spectacle séduits par la souplesse des horaires), pas toujours familiarisés -tout au moins au départ- avec la pédagogie Montessori.

    La pédagogie Montessori, qu’est-ce que c’est ?

    Elle est notamment basée sur le développement individuel de l’enfant, sur le mélange des âges, le respect du rythme de chacun, l’apprentissage à travers le développement sensoriel. Il s’agit en tout cas d’apprentissage individuel : l’enfant expérimente et avance à son rythme après que l’adulte lui ait montré l’exemple. Il travaille sur des pôles liés à son intérêt : vie pratique, développement sensoriel, mathématiques, langage, musique... A chaque fois, un matériel spécifique, parfois très simple, mais toujours adapté, permet l’expérimentation. C’est le corps de l’enfants qui mémorise la connaissance. Les adultes essayent de parler doucement et d’aider les enfants à exprimer leurs désaccords, leurs chagrins, leurs colères, bref leur ressenti, par des mots sans agression.

    Des parents participatifs

    Dans l’ensemble, les parents de Turbul sont très demandeurs et très attentifs même si certains se sentent peu concernés par les réunions pédagogiques. Leur participation, la transparence et le dialogue sont des aspects importants de la pédagogie. Chaque trimestre, les parents sont conviés à une réunion et ils participent à des journées de bricolage pour maintenir les locaux et le matériel en bon état. Ils accompagnent également les sorties, proposent et animent des ateliers, participent à l’organisation du Carnaval du Bas-Montreuil et de la braderie annuelle. Ces moments de rencontre sont importants, notamment parce qu’ils permettent aux parents de partager un repas et des moments de conviabilité avec tout le personnel . Chacun est ravis de montrer les spécialités culinaires de son pays et les stands autour du thé à la menthe sont toujours très festifs !

    Une implantation dans le quartier

    Le Carnaval du Bas-Montreuil et la braderie, rue François Arago, montrent l’implication de Turbul dans le quartier. Mais l’Apeem participe également à des échanges et à des réflexions avec d’autres structures : Bambins de la Noue, groupe de parentalité de la maison Lounès Matoub, crèche de l’AFPA, associations de quartiers (Comme Vous Emoi, ludothèque Un, deux, trois Soleil...), l’antenne du Bas-Montreuil...

    Toujours des difficultés

    L’agrément PMI, si elle a été la bienvenue, créé beaucoup de contraintes. En effet, les exigences liées au décret de 2000 en terme de locaux et de diplômes du personnel sont lourdes pour une association qui ne se sent pas toujours soutenue par cette institution du Conseil général de Seine Saint-Denis (au contraire de la CAF et de la municipalité qui favorisent le secteur associatif). Il est très difficile de gérer et de faire vivre une halte-garderie associative. Or, la demande est importante : pour huit places disponibles, on comptabilise de 100 à 150 demandes d’enfants de 2 ans. De plus, le problème de l’accueil d’urgence se pose en terme de place et d’information des familles.

    Aujourd’hui, le discours porte beaucoup sur la sécurité, l’hygiène et la quantité. Il ne tient pas suffisamment compte des besoins des familles qui ne sont jamais vraiment les mêmes. Il oublie que les parents ont besoin de lieux pour dire ce qui est difficile pour eux.

    L’Apeem aimerait justement créer un nouveau lieu multi-accueil pour les enfants de 18 mois à 3 ans avec un accueil parents-enfants sur le modèle de la Maison verte créée il y a plusieurs années par Françoise Dolto. Ce lieu permettrait de rompre l’isolement, aiderait les parents à vivre la séparation, forgerait des solidarités. Un tel lieu existe entre autres à Romainville et dans le 20e arrondissement de Paris. Un tel lieu n’existe pas encore à Montreuil même si le groupe parentalité du centre Lounès Matoub est en recherche sur d’autres types d’espaces de rencontre.


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