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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2005 >  N° 76 décembre 2005

Ecrire au poivron

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AGENDA / EN BREF:

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        Un discours programme du 29 septembre

        Le maire en V.O.

        Quelques citations tirées du conseil municipal où il était particulièrement en forme

    Madame Vansteenkiste essaie toujours de tout embrouiller, parce que le problème c’est qu’elle cherche le terrain d’atterrissage, et bien, le plafond est bas, le plafond est très bas, parce que les Montreuillois sont très contents. Il y a le théâtre qui est parti, il va y avoir le cinéma, la démolition de la gare routière, c’est parti, et les gens sont contents. Ca bouge, d’ailleurs madame Vansteenkiste, rappelez-vous le 4 juin, vous étiez là lorsqu’il y a eu la fête, il y a eu beaucoup de monde d’ailleurs, et pour la pose de la première pierre du théâtre, alors vous étiez là et d’ailleurs vous n’êtes pas restée, parce que vous vous êtes enfuie quand, quand j’ai dit vos votes, et vous n’avez pas voulu soutenir le regard des Montreuillois, surtout que quand vous votez comme les représentants de monsieur Mégret, représenté ici par madame Vayssière, alors ça c’est dur dans une ville de gauche d’expliquer qu’on vote avec l’extrême-droite, je le reconnais, alors vous essayez d’embrouiller, et alors vous, évidemment, vous affabulez, mais ça ce n’est pas la première fois, vous êtes orfèvre en la matière, et moi, et bien, je vais vous le démontrer, les cantines les plus chères de l’Île de France, vous allez dire ça aux familles qui bénéficient de la gratuité, que nous avons les cantines les plus chères, non vous vous payez la tête des Montreuillois, mais vous n’avez jamais aimé votre ville, et donc vous ne pouvez que le prouver, vous n’aimez pas la ville et vous n’aimez pas ses habitants, mais ça tout le monde l’avait compris, mais vous n’êtes jamais là où la ville bouillonne, là où la ville respire, et vous n’êtes jamais à la rencontre des Montreuillois, parce que les Montreuillois vous diraient vos quatre sous de vérité sur tout ça, nous allons avoir le pôle culturel le plus puissant de la région parisienne au centre ville, la maison populaire, le café la Pêche, l’Église Saint Pierre Saint Paul, dont la restauration avance et qui comme vous savez...

    (Fabienne Vansteenkiste, hors micro et donc inaudible, lui signale qu’il est hors sujet)

    Justement je parle du sujet, et après avoir dit des choses inexactes, vous voulez m’écrire ma partition en plus, mais là écoutez, moi je préfère la musique symphonique et pas la grosse caisse que vous maniez vous, donc je recommence, parce que vous m’avez interrompu pour essayer de me faire perdre les pédales pour que les Montreuillois ne comprennent pas, je recommence, je recommence, la maison populaire, le pôle culturel le plus puissant de la région parisienne, la maison populaire, le café la Pêche, l’Église Saint Pierre Saint Paul, le garage de la rue de l’Église qui a vocation à devenir un équipement culturel, le théâtre, les cinémas, vous avez évidemment la bibliothèque Robert Desnos, vous avez la librairie Folies d’encre, le Conservatoire, le théâtre Armand Gatti, le théâtre Berthelot, et ça les Montreuillois, voyez-vous, ils le voient très bien, ils voient bien que nous avons les cinémas les moins chers de la région parisienne, et ils apprécient tellement que nous sommes devenus et de loin le premier écran art et essai du département de la Seine-Saint-Denis et nous allons continuer de progresser. Alors, que cela vous fasse enrager parce que vous avez toujours pris position contre les intérêts des habitants, et qu’aujourd’hui avec les réalisations qui se concrétisent, vous savez, la preuve du pudding c’est qu’on le mange, les Montreuillois voient la réalité et vous ne savez plus vous en sortir dans l’embrouillamini de fantasmes, d’inexactitudes, pour ne pas dire des mensonges et des calomnies que vous avez développés dans la ville.

    Eh oui, l’heure de vérité arrive et peu à peu le ciel s’éclaircit sur les réalisations montreuilloises, et les Montreuillois sont gens pratiques, ils sont comme Saint Thomas, ils croient ce qu’ils voient. Eh bien oui, vous êtes un peu comme Pinocchio, vous êtes un peu comme Pinocchio, le nez s’allonge chaque jour un peu plus, et surtout, les Montreuillois vous regardent de profil, alors c’est pas très sympathique pour vous, je le reconnais volontiers, mais c’est la réalité.

    Vous avez vu tout à l’heure, les finances de la ville sont nettement assainies, et nous avons une politique d’investissement très forte, et les Montreuillois aiment leur ville, et beaucoup viennent y habiter grâce à ce que nous faisons, et en particulier le pôle culturel et les écoles. D’ailleurs, je vais vous faire une confidence. Madame Vansteenkiste nous avait dit ici, et nos concitoyens qui nous regardent se le rappellent certainement, que l’école Nanteuil était vétuste. Donc, qu’est-ce que j’ai fait, j’ai invité madame Vansteenkiste à venir la visiter avec moi. Et bien imaginez-vous qu’elle n’avait pas le temps ce jour là, c’est dommage, bah, j’admets volontiers qu’elle n’avait pas le temps. Et donc je lui offre une visite, avec ou sans moi d’ailleurs, pour qu’elle aille se faire une opinion elle-même de l’école Nanteuil dont elle avait dit qu’elle était vétuste, et je vous conseille de le redire en particulier à la directrice de la maternelle, et là, si vous lui dites ça, elle va être obligée de vous dire que vous ressemblez à Pinocchio. Voilà, alors il y a une série de délibérations... (le maire refuse alors à Fabienne Vansteenkiste, qui demande la parole, le droit de lui répondre) "Vous vous êtes déjà exprimée, j’ai clos le débat".

    Quelques minutes plus tard, après que Fabienne Vansteenkiste ait profité du point suivant pour dénoncer les insultes comme mode de débat : "Je n’ai pas dit que vous étiez une menteuse, j’ai dit que vous ressembliez à Pinocchio". Quelques minutes plus tard : "branchez votre sonotone". Et encore : "vous comparer à Pinocchio, c’est gentil, d’abord ça prouve que je ne suis pas inculte". Et encore : "vous vous mettez des lunettes noires sur les yeux parce que vous ne voulez pas regarder les Montreuillois en face".

    Jean-Pierre Brard

    Panne démocratique

    Le discours ci-contre a été tenu par le maire lors du conseil municipal du 29 septembre dernier. Ces propos interrogent aussi bien sur la personnalité du maire que sur la fonction démocratique du conseil municipal. Ce discours venait quelques jours après l’annonce de sa candidature en 2008 pour se succéder. Faut-il y voir ce à quoi se réduit son programme, après 34 ans dans l’exécutif municipal ?

    le maire

    Ses propos sont reproduits à partir de l’enregistrement du conseil, sans coupures, en gardant la forme parlée et les répétitions. On ne peut reproduire le ton, le rythme des mots, les mimiques qui renforcent le discours. Le sujet débattu était l’opération "cœur de ville", avec un nouveau budget prévisionnel et le compte rendu d’activités de l’aménageur. Pour les élus écologistes, Fabienne Vansteenkiste avait relevé les glissements financiers, et l’adjoint concerné, Jean-Jacques Serey lui avait répondu.

    Avant de faire voter ces délibérations, le maire a, comme on dit, pété les plombs. Ce n’est pas la première fois, mais ce soir-là, il y a eu l’accumulation, la longueur, l’irruption d’une nouvelle "qualification" - Pinocchio -, et la violence avec laquelle il s’en est pris personnellement à une élue. Le maire semblait particulièrement heureux de sa trouvaille, au point d’évoquer Pinocchio à deux autres reprises dans les minutes qui suivirent.

    Que penser d’un député maire, qui joue au grand leader international, mais ne sait que répondre ainsi à une élue d’opposition ? Un député maire manifestement incapable de se contrôler et qui, à court de réponse, s’en prend à la personne d’une élue ? Les élus écologistes veillent au contraire à ne jamais répondre aux insultes du maire par d’autres insultes.

    Il y a eu un curieux retour de bâton : fidèles téléspectateurs du conseil municipal, les anars du bas-Montreuil, lors de l’affaire du gazomètre, ont intitulé "Pinocchio" leur tract en réponse à un précédent tract du maire...

    l’assemblée municipale

    Le conseil est supposé être au coeur de la vie démocratique d’une ville. Il ne fonctionne pas. Le système est tellement autocratique et bloqué que l’absentéisme des élus est la règle dans les commissions qui sont censées préparer le conseil. Les documents, tardifs, interdisent une préparation "participative" avec les habitants, que les élus écologistes avaient essayée de mener au lendemain des élections de 2001.

    Quant aux débats lors du conseil, le maire s’arroge souvent un nouveau droit d’intervention, alors que ses adjoints ont déjà fait toutes les réponses nécessaires, pour donner des leçons à la planète, en mauvais instit, souvent paternaliste, toujours très long.

    Le rapport monarchique du maire à ses habitants-sujets s’est vu aussi lors du conseil suivant, où il a refusé un débat avec les élus et les habitants sur les "violences urbaines". La veille, le maire de Rosny avait convoqué sur ce sujet un conseil municipal extraordinaire, ouvert aux habitants, avec 500 personnes... Rosny n’est pas un modèle, mais il y a une vraie singularité montreuilloise, que des élus nanterrois, venus nous visiter, avait déjà remarqué (Poivron n°72 de juin).

    La nécrose des instances démocratiques n’est jamais bonne. Il y a urgence à rompre avec le système en vigueur à Montreuil.

    Patrick Petitjean (que le maire aimait comparer à Goebbels, plutôt qu’à Pinocchio lors des conseils avant 2001)


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