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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2005 >  N° 69 Mars 2005

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AGENDA / EN BREF:

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        PETITE ENFANCE A MONTREUIL

        Les Bambins de La Noue

        L’association existe depuis 1996. Elle fonctionne plutôt bien, mais rencontre davantage devient de difficultés aujourd’hui, essentiellement pour des problèmes financiers.

    Le Poivron : Quels sont les parents qui utilisent la halte garderie ?

    Les Bambins de La Noue : À la fin des années 90, le fonctionnement était celui d’une halte-garderie, sur la base d’un accueil 2 à 3 fois par semaine, destiné plutôt à des parents qui ne travaillaient pas. Au début le tarif était fixe, le même pour tous. On s’est aperçu, dans ce quartier très populaire que le lieu ne profitait que très peu aux gens qui l’habitent. L’introduction du quotient familial, tarif déterminé en fonction des ressources, a permis l’accueil des parents du quartier. Aujourd’hui, la liste d’attente est très longue, mais on essaie toujours de favoriser la mixité sociale.

    Comment se manifestent concrètement les difficultés aujourd’hui, pour une structure associative ?

    Il y a 2 éléments : Les décrets PMI de 2000, qui renforcent les directives de sécurité et obligent à la présence d’un personnel qualifié plus important ; ce qui en soi est très bien, mais c’est insuffisamment financé.

    Ensuite, il y a le passage au statut de multi accueil, prôné par la CAF, qui compensera la baisse des subventions pendant trois ans ; mais après, on ne sait pas ce qui se passera.

    Pour l’instant les ressources de l’association se découpent comme suit : 50% les parents, 30% la Ville et 20% la CAF et encore pour cette dernière, des dossiers très longs et l’obligation d’un taux d’occupation minimum. Le multi accueil permet que l’agrément soit étendu à 5 enfants à temps partiel d’abord et à 10 enfants à temps occasionnel par la suite. De même, cela augmente le temps d’accueil pour certains enfants, de 23 à 35 heures. Notre structure attend l’agrément multi accueil depuis 2 ans, certaines haltes-garderies l’ont obtenue, mais attendent toujours les subventions correspondantes.

    Vous avez de nouvelles charges financières ?

    La CAF a demandé le changement des tarifs et de passer à la PSU (Prestation Service Unique), qui diminue pour nous les rentrées d’argent de 30% ; les prix ont baissé, les rentrées d’argent ont diminué, cela doit être compensé par des subventions, mais on ne sait pas quand, ni comment. Autre exemple, jusqu’à présent, l’association facturait les couches et les repas fournis à part, avec la PSU, c’est interdit, d’où un coût supplémentaire pour la structure. À cela, on nous répond : " En attendant...Vous pouvez les facturer quand même". Il est très difficile pour nous dans ces conditions de flou et d’incertitudes de prévoir un budget 2005 qui tienne.

    La Ville de Montreuil a augmenté sa subvention et nous avons pu bénéficier jusqu’à présent du prêt des locaux que nous occupons, mais maintenant elle nous demande un loyer, ce qui annule l’augmentation.

    La structure associative est-elle la mieux adaptée ?

    Aujourd’hui, les exigences dans le domaine de la petite enfance sont grandes et il n’y a pas les moyens d’y faire face. On pousse beaucoup à la gestion associative qui pallie aux manques de structures publiques. Il faut savoir qu’un enfant accueilli en crèche coûte 60 euros par jour, une structure associative fonctionne avec 3X moins. Si la maison Lounès Matoub est devenu un multi accueil municipal, c’est dû aux pressions de la CAF. De plus, les associations connaissent toutes les contraintes des employeurs et doivent faire appliquer les règles, ce n’est pas facile. Si tous les bénévoles s’arrêtaient, cela mettrait peut-être les pendules à l’heure, mais on ne peut pas, il y a les enfants et leurs parents

    Les parents s’impliquent- ils plus aujourd’hui ?

    À part certains, les parents dans l’ensemble sont surtout contents d’avoir un lieu d’accueil, ils participent de moins en moins, beaucoup ne savent pas vraiment ce qu’est une association, même si on leur explique le fonctionnement. Pour beaucoup, ils sont très occupés et se comportent un peu en consommateurs vis-à-vis de la structure. On a repris de Turbul,l’idée des journées travaux, des ateliers et des sorties, mais dans l’ensemble ce sont toujours les mêmes parents qui participent. En outre, nous avons des familles en difficulté, des familles monoparentales et aussi des problèmes de suivi psychologique de certains enfants.

    Que pensez-vous des orientations actuelles en ce qui concerne la petite enfance ?

    Aujourd’hui, le principal c’est le quantitatif et l’urgence, il y a une totale régression en ce qui concerne les projets pédagogiques. La seule réflexion des autorités c’est : accueillir plus. Mais la PMI fixe un plafond d’accueil de 17 enfants par heure, ce qui est peu financièrement ; pour obtenir le taux plein de subventions, il faut justifier d’un taux minimum moyen de remplissage sur l’année, qui est difficile à atteindre compte tenu des vacances.

    Par ailleurs on demande aux associations de faire de l’action sociale et dans le même temps, il n’y a pas d’aide pour les enfants en difficulté.

    Nous essayons de mettre en place un projet pédagogique qui s’inspire de la pédagogie Montessori et du libre choix, mais cela demande des moyens, la directrice s’investit beaucoup et aimerait pouvoir faire plus, tous au bureau de l’association souhaitent voir les projets aboutir.

    L’intérêt de la structure, c’est de créer des liens avec les habitants du quartier à travers les fêtes ou les réunions pédagogiques, Pour les parents qui ont des problèmes de langue, nous essayons de trouver des interprètes. Nous projetons de mettre en place une aide à la parentalité pour les parents isolés. Il y a beaucoup de possibilités d’entraide. On aimerait être un lieu complet. L’équipe y est disponible.

    Propos recueillis par Gabrielle Grammont


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