accueil   présentation   rechercher   s'enregistrer   liens        

 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2006 >  N° 77 janvier 2006

Ecrire au poivron

RUBRIQUES:


AGENDA / EN BREF:

_____________________

Site réalisé avec SPIP

        C’est un marché social que l’on assassine

        Croix de Chavaux

        La municipalité a décidé de “faire le ménage” au marché de la Croix de Chavaux, à la faveur du renouvellement de la délégation de service public. Le marché du vendredi après-midi était particulièrement dans le collimateur, pour sa foule et ses fripes, ses débordements aux abords de la place. Le vide, les voitures et les tas de cageots ont remplacé le trop plein. Affaire à suivre.

    Nous sommes vendredi 6 janvier, le frigo est vide de légumes et autres crudités. Je pars donc au marché y remédier et m’apprête donc à affronter avec joie la cohue et les harangues des commerçants, histoire de me remettre les idées en place...

    Mon caddie bleu me suit à la trace et engouffre docilement concombre et autres cucurbitacées... Les légumes sont quand même beaux, à part les tomates qui virent au rose...Et c’est alors que je réalise, le commerçant qui me fait face, je ne l’ai jamais vu et il ne comprend pas ma question : “pourquoi tout est-il désert ?” Ce n’est pas seulement les abords qui sont dégagés, mais des places entières non occupées en plein milieu du marché. Quelqu’un s’exclame : “mais c’est quoi ça, c’est pas un marché, où sont les sacs !”

    Et c’est alors que je les vois, leurs silhouettes sombres ramassées sur le côté, debout et sans étal. Mme Evren m’explique : “nous sommes solidaires les uns des autres, même si nous avons notre autorisation. Nous sommes 149 inscrits et seuls 44 ont des places”. La vingtaine de commerçants restants ont effectivement pris leurs aises, ce ne sont que des commerçants alimentaires. “Certains d’entre nous ont reçu leurs lettres de refus le 24 décembre ! La bûche, elle est mal passée, ça je peux vous le dire, mais comment on va faire, nous avons des familles !” M. Ankour rajoute : “la mairie nous a demandé de faire un dossier, les trois critères qui seraient pris en compte : l’assiduité, l’ancienneté et la nature de l’article que nous vendons, et bien cela n’a même pas été pris en compte”. Mme Ngassa Lor est là pour en témoigner, “ils m’ont dit de m’adresser à la Someco pour trouver d’autres marchés.” Et pourtant, elle est assidue depuis 1994 et est la seule à vendre des savons de Marseille, un autre vend des tissus : refusé... “ce qu’ils veulent, c’est faire un petit marché bourgeois, mais les gens ici, ils n’ont pas de fric, alors ils viennent le vendredi . Je ne comprends pas, normalement une municipalité de gauche, elle devrait nous soutenir !” M. Ankour récapitule : “selon les commerçants, nous faisons de 40 à 70% de notre chiffre d’affaires le vendredi, c’est très important, nous demandons simplement que les cartes effectuées par la Mairie en 2002 soient une garantie ainsi que les critères qu’ils ont eux-mêmes proposés, notamment l’ancienneté.”

    Claire Loupiac


    IMPRIMER