accueil   présentation   rechercher   s'enregistrer   liens        

 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2006 >  N° 78 février 2006

Ecrire au poivron

RUBRIQUES:


AGENDA / EN BREF:

_____________________

Site réalisé avec SPIP

        Remous dans l’eau francilienne

        Le SEDIF mis en cause

        Le Syndicat des eaux d’Île-de-France (SEDIF) regroupe 144 communes de banlieue, approvisionne plus de 4 millions d’usagers et produit 800 000 m3 d’eau potable par an. Il a délégué la distribution de l’eau à la Générale des Eaux (Véolia, ex-Vivendi).

    Le SEDIF est présidé par André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux, et vice-présidé par Jean-Pierre Brard. La "convention de régie intéressée" entre le SEDIF et la Générale des Eaux vient à échéance en 2010. Déjà fortement mise en cause, tant par la Cour des Comptes que par les consommateurs, cette délégation au privé suscite de nouveaux remous à l’approche de cette date. Comment concilier des proclamations antilibérales ou des discours sur l’eau "bien de l’humanité" avec ce recours à une multinationale ?

    Un pavé dans la mare

    Cela semble encore plus inconciliable après le scandale que vient de révéler l’UFC-Que Choisir concernant le prix de l’eau francilienne. En franchissant le périphérique, l’eau passe de 2,35 à 3,45 euros . Un surcoût de 47% que ne suffit pas à expliquer l’assainissement plus cher en banlieue. L’UFC estime que l’eau du SEDIF est facturée aux usagers deux fois et demi son prix de revient, le record - et de loin - de toutes les grandes agglomérations. Elle remarque notamment qu’un branchement est facturé 2500 euros pour les franciliens, et 850 euros à Nantes, alors que les économies d’échelle devraient au contraire faire baisser les prix. Il faut dire que ces travaux sont réalisés par des filiales de Véolia : "le pactole reste en famille" souligne l’UFC. Que Choisir publie dans son numéro de février une synthèse de l’étude sur la facturation de l’eau, et le site de l’UFC permet d’accéder à des éléments plus détaillés : www.ufc-quechoisir.org

    J’aime le SEDIF

    Quelques jours avant la révélation des abus du SEDIF, le conseil municipal du 19 janvier avait à prendre connaissance du rapport annuel du SEDIF. Ordinairement, ce rapport était peu discuté. Cette année, Daniel Mosmant, élu écolo, a demandé et obtenu que le maire présente lui-même ce rapport, en tant que vice-président du SEDIF. Le maire n’a guère insisté sur le prix de l’eau (expliquant qu’une grande partie venait des taxes) et a présenté les grands objectifs du nouveau contrat du SEDIF : respect des nouvelles normes européennes (remplacement accéléré des canalisations au plomb) ; meilleur taux de renouvellement des canalisations en mauvais état ; développement de recherches pour améliorer la qualité de l’eau. Des élus ont attiré l’attention sur la dégradation du service public : éclatement fréquent des canalisations, relevé moins fréquent des compteurs (et donc délais supplémentaires pour la détection de fuites éventuelles chez un particulier). Le maire a renvoyé sur le bureau (mensuel) des plaintes que tient la Générale des Eaux à Montreuil.

    Dormez bonnes gens...

    Daniel Mosmant a mis en cause les super-profits de Véolia et a demandé le retour dans le giron public de la gestion de l’eau, comme l’ont fait d’autres communes en France. Dans la région, Viry-Chatillon a déjà officiellement demandé que le SEDIF reprenne la distribution de l’eau en régie directe en 2010. Le maire de Montreuil s’est voulu rassurant : des études seront menées sur les différentes hypothèses, et les élus décideront au mieux de l’intérêt du public. Au vu des révélations de l’UFC sur le SEDIF, quelques jours plus tard, il y a de quoi être inquiet, et le discours du maire paraît a posteriori surréaliste. Et pour le moins très loin d’une volonté politique de remunicipalisation d’un bien public.

    Patrick Petitjean


    IMPRIMER