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 Vous êtes ici: Accueil >  Sommaire des numéros parus >  Année 2005 >  N° 70 Avril 2005

Ecrire au poivron

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        La porte du 116 rue de Lagny

        Feuilleton

    En voilà une qui résiste !

    Elle ne se résigne pas à son être de porte, à sa fonction de porte.

    Pourtant depuis deux ans que nous sommes passés propriétaires au 116.

    Nous ne sommes plus n’importe qui, de pauvres gueux, logeant, misérablement dans des studios ou deux pièces au fin fond d’une banlieue rouge !

    Non, nous habitons dans une résidence de Montreuil/Vincennes/ Sud sous-bois les beaux quartiers ! A ce titre nous exigeons comme tous possédants et propriétaires d’être en sécurité derrière nos portes blindées, derrière nos grilles codées, derrière nos murs, nous ne sommes jamais assez à l’abri des pauvres qui viennent roder dans nos cours ! Nous exigeons une barrière sanitaire !

    La vie est devenue tellement provisoire !

    OUI mais voilà, la porte ne l’entend pas de cette oreille ! Depuis deux ans, nous avons dépêché les meilleurs spécialistes à son chevet pour la régler, la réparer, la rehausser, changer le groom, changer la serrure, changer tout. Nous payons des factures faramineuses, mais la porte ne fonctionne toujours pas !

    Une semaine ou deux si, puis c’est tout, la dernière fois, elle était coincée, alors on a été obligé de laisser grand ouvert le portail.

    Un scandale pour des propriétaires d’une résidence ! Alors j’ai compris qu’une volonté invisible était à l’œuvre, un esprit, l’esprit d’ouverture, de rencontre et entraide que j’avais connu quand je suis arrivé à ce numéro, esprit qui se perd à cause de la possession. Alors porte, pour honorer ta résistance voilà ce que je vais faire, certains n’y verront aucun rapport... j’ai dit oui à Maastricht, j’ai dit oui à Chirac au second tour mais je dirais non à la constitution au troisième tour. Merci.

    Jean-Michel Marié


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